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Histoire du Brésil

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Le Brésil

Découverte (1481 > 1504)

On commence en 1481 au Portugal, le nouveau roi Jean II profite de l’apparition de la caravelle, un navire plus maniable capable d’affronter les Océans, pour accélérer les explorations le long des côtes africaines, à la recherche de nouvelles routes commerciales. Les monarchies espagnoles suivent le pas, explorant vers l’Ouest et atteignant les côtes d’Amérique. Le Portugal et l’Espagne s’accordent alors pour se partager le nouveau monde en traçant un Méridien à 370 lieues à l’Ouest des îles du Cap Vert. l’Espagne peut revendiquer les nouvelles terres découvertes à l’Ouest de ce Méridien, le Portugal celles à l’Est. En 1497, Vasco de Gama franchit le Cap de Bonne Espérance et entre dans l’Océan Indien, ouvrant une nouvelle route vers le fructueux commerce des épices. Deux ans plus tard, Pedro Alvares Cabral part à son tour vers les Indes. Après avoir quitté les îles du Cap Vert, l’expédition s’éloigne des côtes d’Afrique afin de profiter des courants marins et découvre de nouvelles terres qui sont situées à l’Est du Méridien de Tordesillas. Les côtes sont habitées par les Tupi-Guarani, des peuples semi-nomades qui pratiquent l’agriculture. Alors que l’intérieur des terres est peuplée par des sociétés de chasseur-cueilleur. Les portugais découvrent un arbre dont la couleur du bois est rouge comme la braise et qui est appelé le bois-brésil. Ce qui donnera le nom Brésil à la nouvelle colonie.

Colonisation portugaise (1504 > 1580)

Rapidement, les portugais fondent un premier comptoir pour exploiter le bois-brésil qui sert à produire des teintures pour l’industrie du textile. Les peuples indigènes coupent et fournissent ce bois en échange d’armes et de produits européens. Au fur et à mesure des explorations, d’autres comptoirs, appelés les feitorias, sont fondés. Mais à part du bois-brésil, aucune autre ressource n’intéresse les colons portugais qui se tournent plutôt vers les épices d’Asie et l’or et les esclaves d’Afrique. Le Portugal tente alors d'accélérer la colonisation du Brésil en divisant la colonie en capitaineries et en offrant des terres aux colons portugais qui sont appelés les Donataires. Dans un premier temps, seul Pernambouc intéresse car le climat y est idéal pour la culture de la canne à sucre, le sucre étant alors une ressource chère et prisée en Europe. En 1549, le roi portugais crée le gouvernorat du Brésil et nomme Tomé de Sousa le premier gouverneur. Celui-ci part alors fonder la nouvelle capitale Salvador. Par ailleurs, le Portugal envoie des Jésuites afin de convertir les peuples indigènes au catholicisme. Ceux-ci s’enfoncent dans les terres mais ils propagent des maladies européennes mortelles contre lesquelles les locaux ne sont pas immunisés. Plus au sud, les français tentent une incursion en fondant la France antarctique. Mais ils sont chassés par les portugais qui s’installent ensuite dans la même baie en y fondant Rio de Janeiro. Au nord de la colonie, la culture de la canne à sucre se développe rapidement, ce qui provoque un manque de main d'œuvre. Le Portugal compense ce manque en important des esclaves d’Afrique.

L’Union ibérique (1580 > 1654)

En 1580, après la mort du roi Henri Ier, le roi d’Espagne Philippe II revendique puis s’empare du trône portugais, fondant l’Union ibérique. Si le Portugal conserve une certaine autonomie, il est mis en difficulté par la concurrence de plus en plus importante des puissances montantes d’Europe occidentales telles que les Provinces-Unies, la France et l’Angleterre, qui s’emparent de ses colonies à travers le monde. En 1612, des troupes françaises débarquent tout au nord du Brésil pour fonder Saint-Louis, mais à nouveau ils sont chassés. Quelques années plus tard, les Néerlandais s’emparent brièvement de Salvador. Au même moment, aux alentours de Sao Paulo se développent de grandes plantations (de blé). Les colons organisent alors des expéditions dans les terres afin de capturer des indigènes pour les exploiter dans leurs plantations, ce qui provoque des tensions avec les communautés jésuites qui sont pillées et détruites. Plus au nord, les Néerlandais réussissent cette fois à s’installer à Pernambouc où ils fondent le “Brésil hollandais” dont la capitale Recife est rebaptisée Mauritsstad. Ceux-ci étendent leur territoire et développent la production de sucre. En 1640 à Lisbonne, une insurrection chasse le pouvoir espagnol. Le Portugal retrouve toute son autonomie et tente désormais de reprendre le contrôle de ses colonies. En 1654, les derniers Néerlandais sont chassés du Brésil.

L’or du Brésil (1654 > 1807)

Alors que le Brésil est le plus grand producteur de sucre au monde, la concurrence monte dans les Caraïbes ce qui fait chuter les prix. Mais dès la fin du 17e siècle, les colons découvrent que les terres intérieures du sud du Brésil sont riches en or, ce qui attire de nombreux travailleurs. La production d’or explose rapidement. Des convois maritimes sont organisés annuellement pour ramener l’or de Rio de Janeiro jusqu’à Lisbonne, ce qui attise l’intérêt des puissances européennes. Lors de la guerre de succession d’Espagne, la France organise une expédition militaire contre Rio de Janeiro. La ville est pillée puis libérée contre une immense rançon en or qui est ramenée en France. Par la suite, des diamants sont découverts près de Vila Rica ce qui accélère encore la colonisation de la région et pousse les portugais à explorer toujours plus loin dans les terres à la recherche de nouvelles richesses, atteignant les colonies espagnoles. Pour éviter des conflits frontaliers, l’Espagne et le Portugal s’accordent en 1750 pour fixer une nouvelle frontière. En 1763, alors que le Brésil atteint son pic de production d’or, le centre du pouvoir est déplacé au sud et Rio de Janeiro devient la nouvelle capitale du Brésil. En plus de l’or et du sucre, la colonie tente de diversifier ses revenus en développant notamment les productions de coton puis progressivement du café. Une grande partie des exportations finissent auprès de l’allié britannique qui entame sa révolution industrielle.

Indépendance du Brésil (1807 > 1822)

En France, Napoléon qui s’est emparé du pouvoir domine l’Europe. Seul le Royaume-Uni lui résiste. Napoléon décide alors de lui imposer un blocus continental et d’envahir son plus grand allié, le Portugal. Une armée franco-espagnole entre dans le pays, forçant le prince héritier Jean à fuir au Brésil avec sa famille et le gouvernement. A Rio de Janeiro, il renforce l’alliance avec le Royaume-Uni en lui ouvrant ses ports pour intensifier les échanges commerciaux. En 1815, après la chute de Napoléon, le prince choisit de rester au Brésil et de donner à la colonie un statut équivalent au Portugal en créant le Royaume-Uni du Portugal, du Brésil et des Algarves. Plus au Sud, dans la Bande orientale, l’Espagne est mise en difficulté par des mouvements indépendantistes. Craignant que ceux-ci ne se répandent, le désormais roi Jean VI décide d’envahir le territoire. Mais au même moment au Portugal, des révoltes éclatent pour le retour du roi au pays et pour l’instauration d’une monarchie parlementaire. Jean VI est contraint de retourner à Lisbonne, mais avant il nomme son fils Pierre régent du Brésil pendant son absence. A Lisbonne, le nouveau congrès veut le retour du Prince Pierre au Portugal et le retour du statut de colonie pour le Brésil. En réaction, le 7 septembre 1822, Pierre proclame l’indépendance de l’empire du Brésil dont il devient l’empereur.

L’Empire du Brésil (1822 > 1888)

En 1824, le Portugal reconnaît l’indépendance du Brésil. Le nouveau pays met en place un système électoral qui est réservé aux plus riches, puis signe rapidement une alliance avec le Royaume-Uni afin de conserver les privilèges commerciaux. Par ailleurs, le Royaume-Uni est appelé en tant que médiateur pour régler le conflit entre le Brésil et les Provinces Unies du Rio de la Plata autour du contrôle de la Province Cisplatine. En 1828, un accord est trouvé et les deux pays reconnaissent l’indépendance d’un État tampon qui est appelé l’Uruguay. Dans les années qui suivent, l’économie du Brésil dépend de plus en plus de la culture du café. Pour augmenter la production, le pays continue d’importer massivement des esclaves d’Afrique, malgré l’interdiction de la traite transatlantique voulue par les puissances européennes. Finalement en 1850, après avoir importé 4 millions d’esclaves, le pays abolit la traite. En Uruguay, depuis l’indépendance, de nombreuses guerres civiles déchirent le pays. En 1864, le Brésil décide d’intervenir militairement, officiellement pour y rétablir la paix. Le pays s’allie au camp du parti colorado qui s’oppose au parti blanco, lui-même allié au Paraguay. Ce dernier réagit alors en envahissant le Brésil et violant le territoire argentin pour aller combattre en Uruguay. Après la victoire et la montée au pouvoir du parti colorado, ce dernier s’allie au Brésil et à l’Argentine pour combattre le Paraguay. S'ensuit une guerre très meurtrière, au terme de laquelle le Paraguay perd de nombreux territoires. En 1888, le Brésil est le dernier pays d’Amérique à abolir l’esclavage. 700 000 esclaves sont libérés. Dans le nord du pays, une grande partie d’entre eux continue de travailler dans les champs contre un maigre salaire, alors qu’au sud, beaucoup migrent dans les quartiers populaires des grandes villes. Par ailleurs, les propriétaires terriens ne reçoivent aucune contrepartie, ce qui provoque leur colère. L’Empereur est de plus en plus contesté.

La République du café (1888 > 1930)

Le 15 novembre 1889, un coup d'État militaire renverse l’Empereur et proclame la République du Brésil. Un nouveau drapeau est créé et Manuel Deodoro da Fonseca devient le premier président du pays. La production de café est désormais si importante qu’elle représente plus de la moitié des exportations du pays qui fournit les 3⁄4 du café mondial. Par ailleurs, la production de caoutchouc se développe et attire de nombreux travailleurs loin dans les terres d’Amazonie. Enfin, Sao Paulo devient le poumon économique du pays. La ville attire de très nombreux migrants, principalement européens, mais aussi turcs et japonais. Alors que Rio de Janeiro est modernisée sur le modèle des villes européennes. Les habitants des quartiers populaires sont chassés et se réfugient dans les favelas, sur les flancs des collines. En 1903, le nouveau ministre des Affaires étrangères, qui sera surnommé le Baron de Rio Branco, obtient de manière diplomatique et pacifique un territoire bolivien en Amazonie. L’année suivante il réitère avec l’Equateur, et enfin, en 1907, un troisième accord est signé avec la Colombie. Dans les années qui suivent, l’économie du Brésil est mise à mal, notamment à cause de la concurrence du caoutchouc asiatique qui a été organisée par les britanniques qui se sont emparés de graines d’Hévéa au Brésil pour développer des plantations en Asie. En 1929, la crise boursière à Wall Street provoque une dépression mondiale, ce qui enfonce encore l’économie du pays. Le prix du café chute de 30% dans le monde, contraignant le Brésil à détruire une grande partie de ses réserves afin de tenter de maintenir un prix convenable sur le marché international.

Naissance du Brésil moderne (1930 > 1960)

En 1930, les puissantes régions de Sao Paulo et de Minas Gerais qui étaient jusqu’ici alliées, s’opposent lors des élections. Après la victoire du candidat de Sao Paulo, Getulio Vargas qui est défendu par le Minas Gerais, ne reconnaît pas sa défaite et après une révolution et un coup d’État militaire, s’empare du pouvoir. D’une part, il exerce un pouvoir autoritaire et répressif envers ses opposants. D’une autre, il lance des réformes destinées à moderniser et industrialiser le pays. Son mandat marque la fin du Brésil blanc de la République du café et le début d’une culture populaire et métisse. En 1931 est inauguré à Rio de Janeiro le Christ rédempteur. L’année suivante, le vote devient obligatoire, y compris pour les femmes, mais pas encore pour les analphabètes. Dans les années qui suivent, le pays développe le secteur aéronautique et entame l’exploitation de pétrole sur son territoire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les navires commerçants brésiliens sont victimes d’attaques de sous-marins allemands. En réaction, en 1942, le Brésil déclare la Guerre à l’Allemagne et à l’Italie. Environ 25 000 soldats brésiliens sont envoyés sur les fronts en Italie alors que 55 000 autres sont envoyés en Amazonie pour récolter du caoutchouc qui est fourni aux Alliés. Après la victoire des alliés, dans le contexte de la Guerre Froide, le Brésil se rapproche du camp étatsunien.

Le Brésil des militaires (1960 > 1988)

En 1960, le Président Kubitschek fonde Brasilia, une toute nouvelle capitale au cœur du pays. L’année suivante, Joao Goulart devient président, après avoir évité de justesse un coup d'État militaire. Il réforme l’éducation pour combattre l'illettrisme, il taxe les multinationales dont le siège est à l’étranger et il exproprie les propriétaires d’immenses domaines afin de redistribuer les terres aux paysans. Mais en pleine guerre froide, sa politique ne plaît pas aux États-Unis qui soutiennent secrètement un coup d’État militaire. Le général Castelo Branco devient président et est directement reconnu par les États-Unis. Le nouveau régime met en place une dictature militaire. Le pays s’ouvre aux investissements étrangers, ce qui booste l’économie. La forêt amazonienne est de plus en plus menacée, d’une part avec la construction de la route Transamazonienne qui est destinée à faciliter l’exploitation des terres au cœur de la forêt et d’une autre au sud avec le développement d’immenses plantations de soja qui grignotent les terres amazoniennes. Dans les années 1980, le Brésil entame une transition démocratique pacifique. En 1985 ont lieu des élections et en 1988, une nouvelle constitution met un terme au régime militaire. Les analphabètes ont désormais le droit de vote et la diversité ethnique et culturelle de la nation est reconnue.

Le Brésil démocratique (1988 > Aujourd'hui)

Rapidement, le pays subit une importante inflation. En 1994, après 38 monnaies différentes en 2 siècles, le Real devient la nouvelle monnaie officielle du pays. L’année suivante, le pays signe un traité commercial de libre-échange avec l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. En 2002, Lula devient le premier président issu du parti de gauche PT. Il lance une série de réformes et de programmes destinés à mettre fin à la pauvreté et à la faim. Par ailleurs, il finance des infrastructures dans les favelas qui sont peuplées par environ 12 millions de brésiliens afin d’y améliorer les conditions de vie. En deux mandats, il sort environ 20 millions de brésiliens de la pauvreté. Dilma Rousseff prend le relais et continue la politique de son prédécesseur. Mais elle est mise à mal par des soupçons de corruption et par les énormes dépenses faites pour l’organisation de la coupe du monde et des jeux olympiques, alors que l’économie du pays se détériore. Lors de son second mandat, la situation empire et elle est destituée en 2016. Deux ans plus tard, Jair Bolsonaro, ultra conservateur et nostalgique de la dictature militaire, monte au pouvoir. En octobre 2022, après des élections serrées, il est battu par Lula qui s’offre un troisième mandat à la tête du pays. Aujourd’hui, le Brésil est une nation métissée issue des migrations provenant principalement d’Europe, des esclaves importés d’Afrique et des peuples présents avant l’arrivée des Européens. L’histoire du pays qui est aujourd’hui une des principales démocraties au monde, a toujours été très liée aux évolutions globales et aux besoins en ressources naturelles.