La colonisation de l'Afrique
Les échanges commerciaux
Au milieu du XVe siècle, le centre et le sud de l’Afrique sont encore inconnus en Europe. Cela fait pourtant des siècles que les arabes ont ouvert des routes commerciales qui traversent l’immense désert du Sahara et qui alimentent le bassin méditerranéen en or, en ivoire et en esclaves. L’Europe porte plus d'intérêt pour les routes commerciales fructueuses en provenance d’Asie, avec notamment l’importation de la soie et des épices. Mais depuis peu, l'expansion de l’Empire ottoman menace ces routes et les royaumes de la péninsule ibériques se mettent à rêver de découvrir de nouvelles voies maritimes vers l’Asie afin de s’emparer de ces commerces.
Domination portugaise
Le Portugal prend l’avantage en inventant la Caravelle, un navire léger et souple qui lui permet d'accélérer l’exploration des côtes africaines. Le pays y construit des comptoirs afin de détourner les routes commerciales terrestres, dont le très rentable commerce des esclaves. En 1498, Vasco De Gama atteint l’Inde. Le Portugal s’impose rapidement dans l'océan indien et s’empare du commerce des épices. Le pays s’enrichit et ne subit aucune concurrence de l’empire espagnol car les deux se sont mis d’accords pour se partager le monde via le traité de Tordesillas. L’Espagne se concentre donc sur le continent américain.
Concurrences européennes
En 1580, après une guerre de succession, la couronne d’Espagne prend le contrôle du Portugal pour former l’Union ibérique. Nouvelle puissance maritime, les néerlandais profitent de la situation pour s’emparer de colonies portugaises. Finalement le Portugal retrouve son indépendance et tente de reprendre le contrôle des commerces en Afrique. Mais le pays doit désormais faire face à la concurrence de nouvelles puissances européennes qui s’installent à leurs tour sur les côtes africaines. La situation reste alors relativement stable pendant plusieurs siècles, chacun gérant ses propres routes commerciales. La traite négrière devient le plus gros marché, les navires européens achètent des esclaves qu’ils partent échanger en Amérique contre de l’or et des produits locaux tels que du sucre et du café.
Colonisation
A partir du milieu du 18e siècle, des mouvements anti esclavagistes prennent de l’ampleur en Europe et gagnent progressivement la suppression de la traite des êtres humains et de l’esclavagisme. Aux Etats-Unis, un projet de rapatriement des esclaves affranchis vers l’Afrique se met en place. Une colonie est implantée et permet le retour de milliers d’anciens esclaves. Bien que la relation avec les indigènes soit conflictuelle, ceux-ci obtiennent en 1847 l’indépendance du Liberia. Quelques années plus tard, la France et l’Egypte inaugurent le canal de Suez, ouvrant une nouvelle route maritime plus courte vers l’Asie. Dans les colonies africaines, l’intérêt se porte désormais sur le contrôle des terres arables afin d’y développer une agriculture intensive de produits destinés principalement aux marchés européens. En explorant les terres, les colons découvrent que le continent est riche en ressources, ce qui attise l'appétit des puissances européennes en plein développement industriel.
Domination européenne
La tension monte vite à cause de la concurrence entre les nations européennes. En 1884, une conférence est organisée à Berlin pour réglementer la colonisation. Le roi des belges Léopold II y obtient comme possession personnelle un immense territoire encore peu connu en plein cœur du continent. L’Allemagne, l’Espagne et l’Italie s’emparent de territoires, tandis que le Royaume-Uni reçoit l’Egypte. Désormais, chacun peut revendiquer des terres à condition de les occuper. Les nations européennes, aidées par leurs avancées technologiques militaires, se lancent dans une course pour le contrôle du plus grand territoire possible, au détriment des royaumes et empires locaux. Dans la plupart des cas, les terres sont volées et redistribuées aux colons. Les peuples indigènes sont soumis à des impôts, mais n’ayant pas de monnaie pour les payer, se retrouvent à travailler dans les champs ou dans les mines, ce qui devient une forme de travail forcé.
Premières résistances
L’Italie qui contrôle l’Erythrée et la Somalie échoue à conquérir l’Empire d’Abyssinie qui y gagne la reconnaissance internationale de sa souveraineté. Après la découverte de diamants et d’or au sud du continent, l’empire britannique s’étend et s’empare des états du Transvaal et d’Orange, tous deux formés par les boers, des descendants de colons principalement hollandais ayant fuit l’arrivée des britanniques. En 1908, le roi Léopold II cède le Congo à la Belgique. Deux ans plus tard, après de longues négociations, les colonies britanniques du sud du continent obtiennent leur indépendance en formant l’Union de l’Afrique du Sud. Le nouveau pays reste cependant lié à l’Empire britannique en devenant un de ces dominions, laissant certains pouvoirs à la couronne britannique.
Les Guerres mondiales
Lors de la Première Guerre mondiale, les colonies sont mises à contribution dans l’effort de guerre. Des centaines de milliers d’hommes en provenance des colonies sont envoyés sur les fronts européens et africains. Le Royaume-Uni, la France, la Belgique et l’Afrique du sud s’emparent des colonies allemandes. A la sortie de la guerre, une révolution indépendantiste éclate en Egypte. Le Royaume-Uni est contraint de reconnaître la fin de son protectorat, mais le pays conserve le contrôle du canal de Suez en y laissant ses armées. En 1935, l’Italie retente la conquête de l’Abyssinie. Cette fois l'armée italienne prend le dessus et s’empare progressivement des territoires, mais l’Abyssinie ne signera jamais d’armistice. La Seconde Guerre mondiale éclate en Europe. A nouveau, des centaines de milliers d’africains sont impliqués et combattent sur différents fronts. L’Italie, alliée à l’Allemagne nazie y perd ses colonies.
Instabilité
A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’Abyssinie devient l’Ethiopie et retrouve sa souveraineté. Des discussions sont engagées à l’ONU pour l’avenir des autres colonies italiennes. Les nations européennes étant affaiblies par la guerre, les Etats-Unis entrent en jeu. Craignant la montée en puissance de l’URSS et une poussée du communisme dans le monde, le pays soutient l’indépendance des colonies et leur admission à l’ONU. Une insurrection éclate à Madagascar contre l’occupant français, celle-ci est matée dans le sang. L’Italie obtient finalement le contrôle de la Somalie pour encore 10 ans, alors que la Libye devient indépendante. Au Kenya commence aussi une insurrection anticoloniale. Celle-ci durera 8 ans et la répression fera de très nombreuses victimes civiles.
Egypte
En 1952, l’armée égyptienne renverse la monarchie, puis entame une politique anti-coloniale. D’un côté, le pays noue des contacts avec l’URSS pour se fournir en armements. De l’autre, il soutient militairement les nationalistes algériens contre l’occupant français. L’Egypte revendique aussi le contrôle du Soudan, puis nationalise le Canal de Suez, chassant les français et les britanniques. En réaction, ceux-ci s’allient à Israël pour organiser une attaque surprise. L’offensive est un succès, mais est stoppée net par l’URSS qui menace d’une guerre nucléaire. Les Etats-Unis sortent alors de leur silence et ordonnent l’interruption de l’offensive. Cet événement marque la fin de la domination française et britannique sur le continent.
Indépendances
Conscients qu’ils ont perdus la mains, la France et le Royaume-Uni tentent de modérer leur politique, tout en gardant une influence sur le continent. Ainsi les britanniques soutiennent l’indépendance du Soudan pour éviter que le pays ne passe sous contrôle de l’Egypte. La même année, la France qui est embourbée dans la guerre d’Algérie, reconnaît l’indépendance du Maroc et de la Tunisie pour éviter une propagation des violences. Le Royaume-Uni se montre prêt à reconnaître l’indépendance de ses colonies, à condition que les nouveaux gouvernements soient anticommunistes et que dans certains cas, le pays rejoigne le Commonwealth, une organisation intergouvernementale dont la couronne britannique est à la tête. La France tente de son côté de mettre en place une Communauté franco-africaine. Toutes les colonies acceptent la proposition à l’exception de la Guinée qui devient dès lors indépendante. En 1960, une vague d’indépendance met fin à ce projet. La France se retire mais garde un contrôle économique sur la région avec le franc CFA. La même année, le Congo belge obtient lui aussi son indépendance et devient le Congo-Léopoldville.
Guerre d'Algérie
La France tente à tout prix de conserver son contrôle sur l’Algérie. Mais les répressions violentes et des massacres de population lui font perdre le soutien du peuple français et de la communauté internationale. Les indépendantistes algériens jouent la carte de la diplomatie en obtenant des débats au sein de l’ONU. La France, d'abord défensive, tente ensuite la politique de la chaise vide, puis en 1962 se retrouve contrainte de reconnaître l’indépendance de l’Algérie.
Colonies portugaises
Au sud du continent, alors que les britanniques perdent leurs dernières colonies, le Portugal résiste aux mouvements nationalistes. Le pays continue a investir de grosses sommes dans ses colonies et pousse sa population à migrer afin de gonfler la population blanche. La tension monte et devient rapidement violente avec des attentats qui visent les installations portugaises. Commence une guerre en Angola qui s'étendra dans toutes les colonies. Le pays investit jusqu’à la moitié de son capital national dans l’effort de guerre. Finalement, le Portugal est contraint d’abandonner et organise en urgence le rapatriement des colons vers le pays.
Derniers départs
Au nord, le Maroc fait pression sur l’Espagne pour que le pays quitte le Sahara occidental. Il obtient finalement le départ des espagnols et s’empare des deux tiers des territoires libérés. Alors que les nations européennes ne sont plus présentes en Afrique, la Rhodésie du Sud fait encore exception car le pays est le seul dont l’indépendance a été obtenue par les colons britanniques eux-mêmes dans l’espoir de fonder un pays gouverné par les blancs. Le pays n’est pas reconnu à l’ONU et est soumis à une grande pression internationale. En 1980, le pays cède et un gouvernement de transition est mis en place pour former le Zimbabwe. Malgré la fin de la domination européenne en Afrique, le continent devra encore faire face au néo-colonialisme. Les puissances mondiales et des multinationales influenceront et parfois déstabiliseront des pays afin de profiter de leurs richesses et de générer de gros profits au dépend des populations locales.