Histoire Géo

La conquête européenne de l'Amérique

Avatar

La colonisation européenne de l’Amérique (2/3)

Au XVe siècle, voici environ les terres connues en Europe. Tout à l’Est se trouvent les Indes, d’où proviennent entre autres les épices et la soie. En Europe, le commerce de ces produits de luxe est contrôlé par les puissantes Républiques de Gênes et de Venise. Mais en 1453, les Ottomans s’emparent de Constantinople et font tomber l’Empire byzantin. En étendant leur influence sur la Méditerranée, ils mettent un terme à l’âge d’or des républiques italiennes.

Doubler le cap

A l'ouest, le Portugal rêve d’ouvrir une nouvelle route commerciale vers les Indes et de s’emparer du monopole du commerce des épices. Il profite du développement de la caravelle, un navire plus robuste et capable d'affronter les océans pour envoyer des explorations vers l’Afrique. En 1484, Christophe Colomb, un navigateur Génois qui vit à Lisbonne propose au roi portugais de tenter d’atteindre l’Asie en partant vers l’ouest. D’après ses calculs, Cathay et Cipango, actuellement la Chine et le Japon, sont suffisamment proches pour que la traversée soit réalisable. Mais le roi rejette ce projet. Sûr de lui, Christophe Colomb tente alors sa chance auprès de la reine rivale de Castille, mais en vain. Deux ans plus tard, alors que le Portugal atteint le cap de Bonne-Espérance, de son côté, la monarchie espagnole termine la Reconquista en s’emparant de Grenade. Plus rien ne semble freiner ses ambitions, il faut maintenant rattraper le Portugal dans sa course vers les Indes. La reine de Castille et le roi d’Aragon autorisent et financent alors l’expédition de Christophe Colomb.

Le premier voyage

Le 3 août 1492, Christophe Colomb quitte Palos avec trois navires et 90 hommes. Après une courte escale dans les îles Canaries, ils mettent le cap vers l’ouest et naviguent pendant 36 jours dans l’inconnu. L’équipage aperçoit enfin une île, Christophe Colomb accoste et rencontre des locaux du peuple des Taïnos. Persuadé d’avoir rejoint les Indes, Christophe Colomb les surnomme les indiens. Après quelques échanges, il repart et explore les îles aux alentours. Pensant être en Asie, il cherche le royaume du Grand Khan relaté dans les écrits de Marco Polo. Sur une île appelée Quisqueya qu’il rebaptise “La Hispaniola”, il fait construire le fort de la Nativité, y laisse 39 hommes et rentre avec 7 Taïnos, de l’or, des perles et des perroquets comme preuves du succès de son expédition. Accueilli en héros, il retourne quelques mois plus tard à la Nativité, cette fois avec 1500 hommes afin de fonder une colonie permanente dont il sera le gouverneur. Mais il retrouve les 39 hommes laissés sur place morts. Il fonde alors La Isabela en l’honneur de la reine de Castille et continue ses explorations. Pendant ce temps, la monarchie espagnole et le Portugal, pour éviter des conflits autour des nouveaux territoires découverts, s’accordent pour tracer un méridien. Les terres situées à l’est pourront être revendiquées par le Portugal, celles à l’ouest par la monarchie espagnole.

Élans européens

L’Angleterre se lance à son tour à la recherche d’une nouvelle route maritime vers les Indes. Une expédition est envoyée plus au nord et atteint une terre qui leur est inconnue. Alors que Vasco De Gama, pour le Portugal, franchit le cap de Bonne-Espérance, entre dans l’océan indien et atteint l’Inde le 20 mai 1498. Une seconde expédition portugaise part à son tour vers l’Inde, mais alors qu’elle s’éloigne des côtes pour profiter des courants marins, l’expédition atteint une nouvelle terre située à l’Est du méridien de Tordesillas. Il y pousse un bois exotique qui permet d’obtenir une teinture rouge comme la braise. Ce qui donnera plus tard le nom de Brésil à la nouvelle colonie portugaise.

Peuplement espagnol

Alors que les colons espagnols découvrent des produits inconnus en Europe tels la pomme de terre, la tomate, le tabac ou le cacao, des navires chargés d’or, d’émeraudes ou de perles rentrent en Espagne, ce qui motive le départ de nombreux colons vers les nouvelles terres espagnoles. Ceux-ci emmènent avec eux des animaux domestiques, des graines, mais aussi des maladies jusqu’alors inconnues par les populations indigènes qui ne sont du coup pas immunisées. Ces maladies se propagent dans tout le continent plus rapidement que les colons et déciment les populations. En 1506, après un quatrième voyage, Christophe Colomb meurt. Quelques mois plus tard, le mot America apparaît sur une carte en l’honneur de l’explorateur Amerigo Vespucci. Le continent sera désormais appelé l’Amérique. Dans les territoires espagnols, des colons imposent le travail forcé aux populations locales. Mais la monarchie espagnole, influencée par l’Eglise catholique romaine, s’oppose aux mauvais traitements et tente via de nouvelles lois d’augmenter son contrôle sur ses nouveaux territoires et d’améliorer la condition des indigènes. L’église catholique envoie également des missionnaires chargés d’évangéliser les populations locales. Depuis Hispaniola les colonies/terres espagnoles, des conquérants appelés les conquistadors explorent tous azimuts. Vers le nord, ils accostent sur une terre qu’ils baptisent La Floride. Au sud, une expédition rentre dans les terres et découvre une mer de l’autre côté. Enfin en 1518, une expédition dépasse une péninsule et rencontre des représentants envoyés par un empereur. Le gouverneur décide alors d’y envoyer une mission.

Soumission des Mexicas

Le conquistador Hernán Cortès part de Cuba en 1519. En chemin, il récupère un naufragé espagnol qui a survécu huit ans en pays maya, puis il prend pour maîtresse une esclave obtenue après un affrontement. Tous deux lui serviront d’interprètes. Arrivé sur la terre ferme, il comprend qu’il se trouve dans l’empire Mexica, mieux connu en français sous le nom d’Aztèque, dont la capitale Tenochtitlan soumet les régions alentour. Impressionnés par les armes à feu et les chevaux qu’ils n’avaient jamais vus, certains peuples choisissent de rallier la couronne espagnole. Cortes est guidé jusqu’à Tenochtitlan où l’empereur l’accueille pacifiquement. Au même moment tout au sud du continent, Fernand de Magellan qui tente lui aussi de rejoindre les Indes vers l’ouest, passe un détroit qui portera son nom et entre dans un nouvel océan qui lui est inconnu. À Tenochtitlan, une guerre éclate entre les Mexicas et Cortés qui a été chassé de la capitale. Il s'allie aux rebelles et ennemis de Tenochtitlan puis assiège la ville et lui coupe l'alimentation en eau potable. Mais les habitants souffrent surtout de la variole qui décime la ville. Après 75 jours de siège, Tenochtitlan s’effondre et Cortès devient le gouverneur de la Nouvelle-Espagne.

Chute de l’empire inca

Malgré de fortes résistances, les Espagnols continuent d’étendre leur contrôle en Amérique centrale. L’Espagne qui s’est endettée auprès de banquiers allemands, leur autorise en contrepartie à fonder une colonie dans une zone où sont construites des maisons sur pilotis et qui est du coup nommée la petite Venise ou Venezuela. Au sud, une expédition s’enfonce dans les terres et des rumeurs circulent sur un certain royaume “Piru”. Le navigateur Francisco Pizarro part alors à sa recherche. Il accoste et apprend qu’il est dans l’empire inca qui est en pleine guerre de succession. Après plusieurs contacts par ambassades intermédiaires, une rencontre est organisée à Cajamarca avec l’empereur Atahualpa. Mais la rencontre dégénère et Pizarro fait arrêter l’empereur. 9 mois plus tard, malgré l’énorme butin en or et argent reçu pour sa libération, Pizarro fait exécuter Atahualpa, puis il s’empare de Cuzco, la capitale de l’empire.

Résistances

Alors que de fortes rivalités apparaissent entre les colons qui veulent accaparer les richesses incas, au nord de Tomebamba, une poche de résistance inca s’organise autour du général Rumiñahui. Mais en difficulté, il décide de brûler Quito et de cacher toutes les richesses inca. Capturé et torturé, il ne dévoile pas l’endroit où se trouve ce trésor qui, s'il existe, n’a jamais été retrouvé. Plus au sud, Pizarro fonde une capitale, la Cité des rois, qui deviendra plus tard Lima. En 1536 à Cuzco, les incas se rebellent et prennent la ville. Almagro, l’allié de Pizarro, qui revient de conquêtes peu fructueuses au sud, reprend la ville et se proclame gouverneur de Cuzco. Une guerre éclate alors entre Pizarro et Almagro. Profitant du chaos, les incas fondent le royaume de Vilcabamba qui résistera aux Espagnols pendant 36 ans. Plus au sud, un ensemble de populations appelé les Araucans et composé notamment des Mapuches, résistent également fermement aux intrusions espagnoles.

Rébellion au Pérou

Alors que tout au nord, l’Espagne continue d’agrandir considérablement son territoire, le prêtre Bartolomé de Las Casas dénonce les traitements cruels imposés aux indigènes. L’Espagne promulgue alors en 1542 de nouvelles lois afin de rendre la liberté aux esclaves en abolissant l’encomienda et en affirmant l’égalité des droits avec les indigènes. Au Pérou, ces lois sont très mal accueillies par les colons. Le vice-roi tente de les faire appliquer, mais une révolte éclate et il est décapité. L’Espagne parvient finalement à reprendre le contrôle de la région et suspend les conquêtes en Amérique, bien que de nombreuses populations résistent encore à la colonisation espagnole.

Concurrences européennes

En Europe, de nouvelles puissances s'intéressent aux richesses d'Amérique. La France qui ne reconnaît pas le traité de Tordesillas envoie des expéditions vers le Brésil. La France antarctique y est fondée. Agacés par la nouvelle concurrence, les Portugais détruisent la colonie en 1560. Ils développent ensuite la colonisation en envoyant des expéditions profondément dans les terres à la recherche de mines ou d’esclaves. L’Angleterre, elle aussi, a des vues sur l'Amérique. Irritée par le monopole commercial que l’Espagne met en place dans l'océan Pacifique, la reine d’Angleterre finance secrètement une expédition de Francis Drake qui pille les richesses espagnoles sur la côte Pacifique. Plus au nord, Drake fonde la Nouvelle-Albion au nom de la couronne anglaise, avant de repartir vers l’ouest pour rentrer en Angleterre. Au même moment, la monarchie espagnole prend le pouvoir du Portugal. Les Provinces Unies, rapidement suivies par l’Angleterre en profitent et tentent de s’emparer des routes commerciales et des colonies portugaises.

France et Angleterre

Au Brésil, des Français tentent d’établir une nouvelle colonie à Ibiapaba. Plus dans les terres, une région peu explorée par les Espagnols et les Portugais attire les convoitises. Depuis un siècle, le mythe de l’Eldorado, la cité remplie d’or, circule largement. Ce qui attire des centaines de colons européens qui dévastent la région à la recherche d’or, entraînant la fureur des populations locales. Ça n'empêche pas l'arrivée de protestants français, neerlandais et britanniques qui fuient l’Europe a la recherche de terres éloignées des influences catholiques. Au nord, les côtes de Terre-Neuve, riches en poissons, sont fréquentées par de nombreux pêcheurs venant de toute l’Europe. Dès 1603, la France finance de nouvelles expéditions pour explorer l’Acadie et y fonder un premier établissement à Port-Royal. Malgré des conflits avec les populations locales, la pêche et le commerce de fourrures se développent. Plus au sud, l’Angleterre fonde Jamestown, sa première colonie permanente. Mais alors que les Français accélèrent la colonisation avec la création de Qubec, les Anglais attaquent l’Acadie. A partir de ce moment, les deux pays et leurs alliés locaux respectifs se disputeront constamment la région.

Nouvelle-Néerlande

Après avoir fondé La Nouvelle-Amsterdam sur une île, les Néerlandais négocient avec les locaux l’achat de l’île Manhattan en échange de quelques biens équivalents à 60 florins, ce qui vaut actuellement environ quelques centaines d’euros. Au sud aussi, les Néerlandais étendent leurs possessions et s’emparent d’une grande partie du Brésil. Mais en 1640, le Portugal retrouve son indépendance et récupère ses territoires. Les Néerlandais sont expulsés et concentrent alors leurs efforts au nord du continent en absorbant la Nouvelle-Suède. Parallèlement, les Britanniques prennent la Jamaïque aux Espagnols pour y développer le commerce du sucre. Ils obtiennent aussi l’autorisation d’exploiter le bois sur les côtes de la Nouvelle-Espagne. La rivalité commerciale croissante entre les Provinces Unies et l’Angleterre provoque une guerre. Lors du traité de paix, les Provinces Unies cèdent leurs territoires d'Amérique du Nord et récupèrent le Suriname qui était occupé par les Britanniques. La Nouvelle-Amsterdam devient New York.

Commerce triangulaire

Dans les Antilles, principalement les Français et les Britanniques s’emparent d’îles au détriment des Karibs afin d’y développer de grandes plantations sucrières qui nécessitent une importante main-d'œuvre. Pour cela, des marchands européens partent vers les côtes africaines où ils achètent des esclaves. Ceux-ci sont ensuite transportés jusqu’en Amérique pour y être vendus dans les mines ou dans les plantations. Leur espérance de vie est d’environ 7 ans. Les navires rentrent ensuite en Europe chargés de métaux précieux et de produits de luxes. Au XVIIe siècle, ce modèle devient tellement rentable que le commerce d’esclaves explose, tout comme la piraterie, qui pullule dans les Caraïbes. De nombreuses personnes s’opposent a l’esclavage, c’est le cas notamment des Jésuites qui fondent des communautés dans toute l’Amerique pour protéger les indigènes des colons. Ils y sont évangélisés et travaillent pour la communauté qui s'enrichit rapidement. Mais l’Espagne et le Portugal finiront par les expulser.

Nouvelle-France

Au nord du continent, alors que les Britanniques fondent Philadelphie, les Français, après une expédition, revendiquent la Louisiane puis ils s’étendent le long des cours d’eau afin de relier cette dernière à la Nouvelle-France. La Nouvelle-France signe ensuite un accord de paix avec 39 nations, principalement iroquoises. Craignant d’être asphyxiés, les Britanniques attaquent à nouveau l’Acadie qu’ils renomment la Nouvelle-Écosse. Celle-ci, ainsi que la baie d’Hudson et Terre-Neuve sont officiellement annexées lors des traités d’Utrecht qui mettent fin à la guerre de succession d’Espagne. L’Espagne et les Provinces Unies sont affaiblies, la Grande Bretagne est désormais une grande puissance maritime et commerciale. En 1733, elle fonde Savannah, ce qui stoppe l’expansion espagnole depuis la Floride. Depuis la Russie, un capitaine danois nommé Vitus Béring mène des expéditions de cartographie pour le compte du tsar. Après avoir exploré le détroit qui porte son nom, Béring aperçoit en 1741 les côtes de l’Alaska puis les îles aléoutiennes où il trouve la mort. L’abondance de gibier sur ces îles attire de nombreux Russes qui partent chasser, alors que les Aléoutes sont réduits à un quasi-esclavage. Les Russes longeront progressivement les côtes afin de développer le commerce des fourrures de loutres.

Tensions franco britanniques

Dans la vallée de l’Ohio, la tension monte entre les français et les britanniques qui se disputent la région. Une guerre commence qui dans un premier temps tourne à l'avantage des français. La Grande Bretagne décide alors de déporter en masse les Acadiens francophones toujours présents en Nouvelle-Écosse. Beaucoup meurent en chemin, les survivants sont éparpillés dans les colonies britanniques. En Europe, la guerre de 7 Ans éclate. La Grande Bretagne qui domine les mers avec sa puissante Royal Navy, impose un blocus maritime aux colonies françaises qui sans renforts tombent aux mains des britanniques. En 1763, lors du traité de paix signé à Paris, la France cède la plupart de ses colonies américaines. L’Espagne reçoit la partie occidentale de la Louisiane en échange de la Floride. La Grande Bretagne domine tous ses rivaux. Mais la guerre a pesé sur ses finances, elle compte bien profiter de ses nombreuses colonies pour renflouer les caisses via l’imposition de nouvelles taxes.