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L'Amérique précolombienne

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L’Amérique précolombienne (1/3)

Premières origines

On commence vers -30 000. La terre est dans sa dernière période glaciaire, le niveau des mers est environ 120 mètres plus bas qu’actuellement. Le continent américain est complètement isolé par d’importants glaciers. Pourtant des premiers signes d’occupation humaine surgissent un peu partout. Des outils, des ossements d’animaux chassés ou des foyers apparaissent à divers endroits du continent. Aujourd’hui, les origines de ces premiers peuplements demeurent un mystère, mais quelques théories sont proposées. Une première suggère que des peuples originaires du Golfe de Gascogne auraient longé les 5000 km de banquise qui traversaient l’océan Atlantique pour atteindre le nord du continent américain. Mais cette hypothèse est controversée et mise à mal par les données génétiques récentes qui privilégient l’origine asiatique des premiers peuplements américains. Une autre hypothèse envisage que des groupes auraient navigué le long de “l’autoroute de Varech”, une gigantesque forêt d’algues sous-marines riche en poissons qui longeait la bordure pacifique depuis l’Asie du Nord jusqu’en Amérique.

La Béringie

Alors que la période glaciaire touche à sa fin, la Béringie forme un couloir terrestre qui relie l’Amérique à l’Asie. Le climat y est plus clément, la végétation qui y pousse est propice pour des grands animaux tels les bisons, les caribous ou les mammouths, attirant des populations sibériennes qui vivent de la chasse. Plus à l’est, le recul des énormes calottes glaciaires ouvre un couloir vers le continent. Les animaux suivis par les hommes s’y engouffrent progressivement alors que la fonte des glaces provoque la montée des eaux. La Béringie est inondée, le continent américain se retrouve à nouveau isolé.

Agriculture

Les nouvelles populations nomades se répandent dans tout le continent, vivant de la cueillette, de la pêche et de la chasse. Le climat continue de se réchauffer, ce qui facilite la domestication des plantes endémiques au continent. A force de sélections et de croisements, les populations américaines créent et cultivent des avocats, des piments, des courges, du maïs ou encore du manioc. La céramique apparaît, une invention très utile pour stocker les récoltes, mais aussi pour l’art. Tandis que le lama et le cochon d’inde notamment sont domestiqués. Des populations commencent à se sédentariser, dans un premier temps, principalement sur le haut plateau central mexicain et dans les zones côtières le long de la cordillère des Andes.

Sédentarisation

Progressivement, des groupes de populations commencent à se structurer et les premières cultures apparaissent. Dans le désert d’Atacama, les Chinchorros sont les premiers au monde à momifier leurs défunts. Un peu plus au nord, la culture Valdivia émerge. Celle-ci est une des premières à produire de la céramique en grande quantité. Dans le bassin du Mississippi, se trouvent les Mound Builders, c’est-à-dire un ensemble de peuples nomades, célèbres pour les nombreux grands monticules qu’ils érigent. Leurs chefs se rencontrent régulièrement et le commerce se développe dans toute la région. Au Sud, la civilisation de Caral est la première à émerger sur le continent. Elle regroupe une trentaine de sites et de centres de population, y compris Caral, qui serait la première cité du continent. Des pyramides, des places ainsi que des quartiers résidentiels y sont construits. La civilisation est prospère, entre autres grâce à l’irrigation qu’elle développe. Pourtant, malgré son isolement, elle décline et s’éteint mystérieusement autour du 19e siècle avant notre ère. Peut-être à cause des nombreux tremblements de terre ou du phénomène El Niño, un courant marin chaud qui provoque la disparition de poissons et des bouleversements climatiques dévastateurs.

La Mésoamérique

Dans le centre du continent, les Olmèques apparaissent et forment la première civilisation mésoaméricaine. Ils se développent d’abord dans la cité de San Lorenzo où vivent près de 10 000 habitants en -1600. D’immenses sculptures en basalte représentant des têtes y sont construites. Les Olmèques aménagent des terrasses agricoles avec un système complexe de distribution d’eau grâce à des pierres taillées en U. Plus au sud, la civilisation de Chavin émerge dans les Andes. Notamment connue pour ses cérémonies religieuses, elle rayonne et marque profondément toute la région. Chez les Olmèques, alors que San Lorenzo décline, La Venta atteint son apogée. Selon certains, la première pyramide mésoaméricaine y est construite. Pour se ravitailler notamment en pierres précieuses, d’importants réseaux d’échange se développent avec les cultures et civilisations des alentours. On trouve aussi chez les Olmèques des traces d’écriture, mais l’origine exacte de cette invention fait encore débat aujourd’hui. Finalement Tres Zapotes est la dernière grande cité Olmèque alors que la civilisation décline. Ce qui profite aux Zapotèques qui deviennent la nouvelle civilisation dominante, avec comme capitale Monte Alban où l’écriture se développe.

Teotihuacan

Un peu plus au nord, se trouve une importante cité appelée Cuicuilco. Mais celle-ci décline à partir du 1er siècle avant notre ère à cause du volcan voisin Xitle qui en une ou plusieurs éruptions recouvre la ville de lave et anéantit les terres fertiles alentour. La date précise de cet événement ne fait pas consensus encore aujourd’hui. Dans tous les cas, ça profite à la ville voisine Teotihuacan qui amorce un développement fulgurant. Entourée de terres fertiles et à proximité de gisements d’obsidienne, une pierre volcanique utilisée dans la fabrication d’outils, la ville attire des artisans et commerçants de toute la Mésoamérique et devient un carrefour important. Des pyramides monumentales sont construites et deviennent des lieux de pèlerinage. A son apogée, Teotihuacan est la plus grande ville du continent avec une population d’au moins 100 000 habitants. Plus à l’Est, la civilisation Maya est divisée en une multitude de cités-états qui sont souvent rivales. Tikal et Calakmul, toutes deux en concurrence, sont les deux plus grandes puissances. Mais en 378, Teotihuacan s’empare du pouvoir à Tikal. Une nouvelle dynastie y est implantée et la guerre continue contre Calakmul. Entre 550 et 575, les quartiers centraux de Teotihuacan sont incendiés et vandalisés, peut-être lors de révoltes internes. Alors qu’à l’Est, Tikal est vaincue par Calakmul. Le pouvoir de Teotihuacan décline jusqu’à l’effondrement de la ville.

L’aire andine

On remonte dans le temps pour revenir en -200. A cette période, au sud du continent, la civilisation de Chavin s’effondre. ce qui permet le développement d'autres cultures dans la région. La civilisation Nazca se développe dans une zone aride, en construisant notamment des aqueducs souterrains qui permettent de transformer le désert en champs cultivés. Aussi, ils tracent d’immenses dessins représentant souvent des animaux qui sont des chemins de procession foulés lors de cérémonies rituelles. Plus au nord, la culture Moche s’impose. Remarquable pour la métallurgie qu’elle développe et ses techniques agricoles en milieu désertique, cette culture guerrière s’étend rapidement. Les prisonniers sont ensuite sacrifiés lors de rites. Dans le courant du 7è siècle, il est probable que d'importantes modifications climatiques ont précipité la chute des Nazcas et des Moche. Ce qui a profité à la civilisation Wari qui s'est considérablement étendue vers le nord. Alors que son alliée, la civilisation de Tiwanaku qui est originaire des bords du lac Titicaca, s'est elle étendue vers le sud et l'est, assurant ainsi une domination militaire et culturelle sur toute la région.

Les Mayas

En Mésoamérique, la chute de Teotihuacan laisse un vide dans la région, ce qui profite à plusieurs cités qui se développent rapidement. En pays Maya, les rivalités restent constantes malgré les intenses échanges commerciaux. La fève de cacao est utilisée comme monnaie d’échange, mais elle est également consommée en boisson lors de cérémonies rituelles réservées à l’élite et aux rois. Les mayas utilisent l’écriture et créent un calendrier qui est conçu en associant trois calendriers existants. Le calendrier Compte Long a un cycle de 5125 ans, le premier cycle s’est terminé en 2012. A partir de 780, une succession de périodes de sécheresse intense, suivie d’une importante crise politique et démographique aboutit à l’abandon de la plupart des cités mayas. Les constructions architecturales sont brutalement interrompues, ainsi que les réseaux d’échange. Les dynasties s’effondrent, seules quelques cités mayas subsistent malgré tout. Monte Alban, la capitale Zapotèque, s’effondre également, au profit du peuple Mixtèque voisin. Alors que Tula, plus au nord, se développe pour devenir le nouveau foyer culturel mésoaméricain.

Croissance démographique

Au nord du continent, le développement de l’agriculture intensive dans le bassin du fleuve Mississippi permet aux cultures dites du Mississippi de se développer. Plus au nord encore, autour de l’an 1000, des vikings venus du Groenland atteignent les côtes d’Amérique. Des campements sont construits, mais au bout de quelques années sont abandonnés et oubliés. Au Sud du continent, El Niño est probablement le responsable de l’effondrement des civilisations Wari et Tiwanaku. Ce qui profite cette fois au Royaume de Chimor qui devient rapidement le principal centre des Andes et dont la capitale est Chan Chan. Une immense cité d’environ 20km2 composée entre autres de 10 citadelles fortifiées correspondant aux 10 souverains. Les Chimús soumettent la région par la guerre et imposent leur pouvoir religieux avec des sacrifices d’enfants et de lamas. D’autres peuples et cultures se développent en Amérique du sud. Notamment les Muiscas au nord, réputés pour couvrir de poussière d’or leur nouveau chef avant qu’il s’immerge dans un lac sacré. Ou plus au sud, le Royaume de Cuzco, où vivent les Incas.

Les Mexicas

Sur une petite île du lac Texcoco, les Mexicas, mieux connus en français sous le nom de Aztèques, vivent dans la cité de Mexico-Tenochtitlan. En 1428, ils s’allient avec la cité voisine de Texcoco pour détruire la puissante cité d’Azcapotzalco. Ensuite, Texcoco, Tenochtitlan et Tlacopan s’unissent et forment la Triple Alliance. Tenochtitlan devient la capitale du nouvel empire. Tous les hommes reçoivent une éducation militaire. Réputées invincibles, les armées conquièrent rapidement une grande partie du territoire mésoaméricain. Malgré une certaine unité et cohésion dans l'empire, les lourds tributs imposés aux régions soumises provoquent fréquemment des rébellions.

Les Incas

En 1438, après avoir repoussé une offensive à Cuzco, Pachacutec devient le nouvel empereur Inca. Rapidement, il entame une politique expansionniste dans toute l’aire andine. Les Incas exploitent des mines et construisent des ponts, des barrages et des routes pour relier tout l’empire à Cuzco, la capitale qui se développe rapidement pour atteindre les 60 à 100 000 habitants. Le territoire Inca est solidement organisé en quatre quadrants qui conquièrent dans les quatres directions. Des réseaux complexes d’irrigation sont construits pour les terres cultivées, dont environ un tiers est destiné à l’empereur et aux fonctionnaires. En 1470, les Incas assiègent la puissante rivale Chan Chan et coupent l’alimentation en eau. La cité est vaincue et le royaume de Chimor est annexé. Peu après, Pachacutec meurt. Ses héritiers continuent d’étendre considérablement le territoire Inca Seuls les Chiriguanos au sud-est et surtout les Araucans tout au sud, résistent brillamment. L’empereur entend alors parler de mystérieux explorateurs au nord de l’empire. Il part à leur recherche, mais est atteint par une maladie inconnue et meurt rapidement. Cette maladie contre laquelle les incas ne sont pas immunisés se propage en peu de temps dans l’empire et est aussi fatale pour le fils héritier, ce qui engendre une guerre de succession. L’empire inca est affaibli de l’intérieur, alors que sur les côtes, une menace extérieure semble se profiler avec l’arrivée de navigateurs inconnus.