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Le tour du monde de Magellan et Elcano

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Le tour du monde de Magellan / Elcano

En 1480, quelque part au nord du Portugal naît Fernand de Magellan. A cette époque, le Portugal entame des explorations maritimes le long des côtes africaines, à la recherche de nouvelles routes commerciales. Le pays rêve notamment d’ouvrir une route maritime qui mène aux Indes d’où proviennent entre autres des épices, qui sont des produits de luxe en Europe. Rapidement, les monarchies espagnoles organisent elles-aussi des explorations mais vers l’Ouest, atteignant ainsi l’Amérique qui était encore inconnue en Europe. Pour éviter des conflits autour des nouveaux territoires découverts, les deux puissances s’accordent en 1494 pour se partager le monde, l’Espagne peut revendiquer les nouvelles terres situées à l’Ouest du méridien de Tordesillas, le Portugal celles à l’Est. En 1513 en Amérique, le conquistador espagnol Vasco Nuñez de Balboa est le premier européen à découvrir une mer de l’autre côté des terres d’Amérique, qu’il nomme la mer du sud. Fernand de Magellan, qui a navigué de nombreuses années pour le compte du Portugal, notamment dans l’océan indien, apprend la nouvelle et se met à rêver de trouver une nouvelle route maritime qui contourne l’Amérique, afin de rejoindre les îles aux épices en partant vers l’Ouest. Mais le roi portugais s’oppose à ce projet car son pays contrôle déjà la route des Indes via l’Afrique. En 1517, Magellan tente alors sa chance auprès du jeune roi des Espagnes Charles Quint qui se montre plus intéressé. En effet, si le plan de Magellan fonctionne, il ouvrirait une route maritime vers les Indes sans passer par les territoires portugais conformément au traité de Tordesillas. L’Espagne pourrait ainsi importer directement des épices et faire une concurrence au Portugal qui s’enrichit très rapidement depuis qu’il contrôle le commerce dans l’océan Indien. Le projet est donc accepté. Apprenant la nouvelle, le roi Portugais, pour protéger ses intérêts, veut à tout prix empêcher l’expédition. Le 20 septembre 1519, Fernand de Magellan quitte Sanlucar avec 5 navires et 239 hommes. Après une halte à Tenerife, l’expédition fait cap sur la terre du Brésil, puis après avoir dépassé le rio de la Plata l’expédition s’aventure dans l’inconnu, longeant la côte à la recherche d’un passage vers la mer du Sud. Fin mars, alors que le climat se rafraîchit dans l’hémisphère sud, l’expédition décide de passer l’hiver dans une baie qui est baptisée San Julian. A peine installés, une mutinerie est organisée par les capitaines des autres navires qui considèrent l’expédition comme un échec, certains voulant retourner en Espagne. Magellan reprend violemment le contrôle, tuant et écartelant certains rebelles. Sur place, l’expédition rencontre des locaux de grande taille qu’ils surnomment les “Patagons”, ce qui donnera plus tard le nom Patagonie à la région. En mai, un des navires est envoyé en repérage plus au sud, mais celui-ci fait naufrage. Après 5 mois d’arrêt, au retour des beaux jours, les quatre navires restants repartent et après s’être approvisionnés dans la baie suivante, atteignent le 21 octobre un détroit que Magellan nomme “de tous les saints” et qui portera plus tard son nom. En s’y engouffrant, l’expédition aperçoit sur la terre ferme de nombreux feux allumés par des locaux. Magellan nomme alors la région “la terre de feu”. Un peu plus loin, l’expédition fait face à une bifurcation, et se scinde pour explorer les deux parties. Le capitaine Estevao Gomes saisit cette occasion pour faire demi-tour à la nuit tombée et regagner l’Espagne. A son retour, il accusera Magellan de trahison. Gomes sera emprisonné, et la famille de Magellan surveillée en attendant son retour. Le 28 novembre 1520, les trois navires restants sortent enfin du détroit et entrent dans une grande mer. Rapidement, ils mettent le cap vers le large, entamant une longue traversée au cours de laquelle l’eau et la nourriture viennent à manquer. L’expédition ne croise que deux îlots inhabités et inhospitaliers. Affamé, l’équipage mange des rats, de la sciure de bois et même le cuir qui recouvre l’extrémité des mâts. De plus, le manque de nourriture fraîche provoque une carence en vitamine C et l’équipage souffre du Scorbut. La traversée se faisant avec une météo clémente, sans croiser la moindre tempête, Magellan donne le nom “Pacifique” à l’océan qu’il traverse. Le 6 mars, après 99 jours de navigation, une île est enfin aperçue. Mais alors que l’équipage s’apprête à commercer avec les locaux, ces derniers se mettent à voler des objets aux espagnols, notamment une barque. Magellan est contraint de quitter rapidement l’île qu’il surnomme l’île aux voleurs. L’expédition atteint ensuite un archipel qui sera plus tard appelé les Philippines. Ici, le contact avec les populations locales est meilleur, ce qui permet aux Espagnols de troquer des objets européens contre de la nourriture fraîche. Pour impressionner les locaux, Magellan fait régulièrement tirer au canon. Arrivé à Cebu, il noue une alliance avec le souverain le plus puissant de la région, le Rajah Humabon. La population locale est convertie au catholicisme. Mais sur l’île de Mactan juste en face, un chef local appelé Lapu-Lapu refuse de reconnaître la souveraineté espagnole. Magellan part alors avec 60 hommes pour le combattre. Mais à peine débarqués, ceux-ci affrontent environ 1500 locaux et Fernand de Magellan est tué. Quelques jours plus tard, une vingtaine d’Espagnols se rendent à un banquet organisé par le Rajah Humabon, mais c’est une embuscade et ils sont massacrés. Seuls 108 hommes fuient l'île, répartis dans deux navires, le troisième étant brûlé. Le 7 novembre 1521, l’expédition atteint enfin les îles aux épices qui sont appelées les Moluques. Ils y font le plein de clous de girofle et de provisions. L’objectif est atteint, mais le défi du nouveau commandant Juan Sebastian Elcano est maintenant de rejoindre les terres espagnoles sans être repéré par les Portugais qui sillonnent les mers à leur recherche. Autre problème, le navire “La Trinidad” prend l’eau et nécessite des réparations. Il décide alors de laisser le navire sur place le temps des réparations. Celui-ci repartira ensuite vers l’Est pour rejoindre les terres espagnoles en Amérique. Elcano de son côté, part avec l’autre navire “La Victoria” vers l’Ouest. Le 12 février 1522, il entre dans l’océan indien, qu’il traverse loin au sud pour éviter d’être repéré par les Portugais. A l’Est, après avoir subi des tempêtes “La Trinidad” est contrainte de revenir aux Moluques, où, épuisés, les 17 membres d’équipage restants se rendent à un navire portugais. De son côté, “La Victoria” franchit le cap de Bonne-Espérance loin des côtes, puis remonte vers l’Europe. Mais à court de nourriture et d’eau potable, une grande partie de l’équipage meurt du scorbut. Elcano est contraint de faire une halte aux îles portugaises de Cap Vert. Se sachant recherchés, Elcano et l’équipage masquent leur identité et font croire qu’ils reviennent d’Amérique. Au cours d’une conversation, ils découvrent qu’ils sont un jeudi, alors que le journal de bord de l’expédition est à mercredi. Ne comprenant pas ce décalage, ils pensent avoir fait une erreur. 13 marins descendent du navire et partent acheter des vivres. Mais ils sont démasqués, probablement car l’un d’eux aurait utilisé comme moyen de paiement des clous de girofle qui ne poussent que dans les Moluques. Les portugais, comprenant qu’ils sont face à l’expédition de Magellan, arrêtent aussitôt les marins débarqués. Elcano et le reste de son équipage parviennent de justesse à fuir plus vers l’Ouest afin de rejoindre la route espagnole de retour d’Amérique. Le 6 septembre 1522, après presque 3 ans d’expédition, Elcano arrive à Sanlucar, avec 17 survivants. Les nombreuses épices ramenées dans les cales remboursent largement l’expédition. Ils sont ainsi les premiers à avoir fait le tour du monde. A moins que ce ne soit Henrique de Malacca. Un esclave aux origines incertaines, acheté 11 ans plus tôt à Malacca par Magellan qui voyageait alors pour le compte du Portugal. Henrique avait ensuite suivi son maître jusque dans la péninsule ibérique, d’où il prit part à l’expédition vers les îles aux épices. A Cebu, il se mit à parler en Malais avec la population locale. Mais après la mort de Magellan, il ne fut pas libéré car les capitaines voulaient le garder en tant qu’interprète. Lors de l'embuscade du banquet, il fut le seul survivant et était donc probablement dans le coup. On perd ensuite sa trace, mais s’il a réussi à retourner dans ses terres d’origine avant l’arrivée d’Elcano en Espagne, il serait le premier homme à avoir fait le tour du monde, en 11 ans.