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Le voyage de Marco Polo

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Le voyage de Marco Polo

Marco Polo naît en 1254 à Venise dans une riche famille de commerçants voyageurs. A cette époque, la République de Venise contrôle les principales routes commerciales maritimes dans le bassin méditérranéen, important notamment des produits asiatiques. L’Asie est encore très méconnue en Europe. Pourtant quelques années plus tôt, l’Empire mongole lors de ses conquêtes, avait fait trembler toute l’Europe en évoluant rapidement sur le continent. La situation s’était ensuite apaisée, et seule une poignée d’Européens s’étaient aventurés jusqu’à Karakorum, la capitale de l’empire mongole, pour des missions diplomatiques et religieuses. A la naissance de Marco Polo, son père Niccolo ignore sans doute qu’il a un fils et réside à Constantinople avec son frère Matteo pour y faire des affaires. Lorsque Marco Polo a 5 ans, sa mère meurt. Au même moment, Niccolo et Matteo, voyant la tension monter entre les Latins et les Grecs, quittent Constantinople et partent faire des affaires en Asie. Ils entrent dans la Horde d’Or et atteignent la capitale Sarai Berke où ils vendent des bijoux à la cour du Khan. Ils continuent ensuite leur périple et atteignent Boukhara où ils résident plusieurs années. Le Grand Khan Kubilaï, le petit-fils de Gengis Khan, entend parler des deux Vénitiens et souhaite les rencontrer. Ils sont alors escortés jusqu’à lui. Kubilai Khan leur confie une lettre destinée au Pape, l’invitant amicalement à lui envoyer des savants chrétiens. Les frères Polo repartent alors vers l’Europe, aidés d’une Païza, c’est-à-dire d’une tablette en or qui leur permet de se déplacer en sécurité dans tout l’empire mongol, obtenant gratuitement le logement et la nourriture. Après 3 années de voyage, ils arrivent à Venise et Niccolo découvre son fils Marco Polo qui a alors 15 ans. Mais l’année précédente, le Pape Clément IV est mort et les cardinaux trainent à lui trouver un successeur. Après deux années d’attente, alors que l’élection du pape s’éternise, les Polo renoncent à leur mission et repartent pour ne pas impatienter le Grand Khan. Cette fois, Marco Polo les accompagne. Ils atteignent Saint-Jean-d’Acre d’où ils remontent jusqu’à Layas dans le royaume arménien de Cilicie, allié à l’empire mongole. Mais au même moment à Viterbe, les cardinaux s’accordent enfin pour élire un nouveau pape. Il s’agit de Tebaldo Visconti qui vit à Saint-Jean-d’Acres et qui a croisé les Polo. Apprenant son sacre, il envoie en toute urgence un messager à Layas pour les rattraper. A leur retour, le nouveau Pape qui sera rebaptisé Grégoire X leur donne des lettres destinées au Grand Khan et deux religieux dominicains se joignent à l’expédition. Les 5 hommes repartent à Layas, mais la Cilicie est menacée par les Mamelouks car les deux se font concurrence sur le commerce entre l’Asie et l’Europe. Se sentant en insécurité, les deux religieux décident de faire demi-tour. Les 3 Polo continuent seuls et entrent dans l’Ilkhanat de Perse. Ils passent par Tabriz où réside le Khan. Marco Polo est émerveillé par les marchés de la ville et les nombreux tapis colorés. Ils continuent ensuite leur route vers le sud, à travers des zones arides pour atteindre Ormuz dont le port est un point de départ vers les Indes et l’extrême-orient d’où proviennent des épices et des pierres précieuses. Les Polo planifiaient de partir via la mer, mais ils ne sont pas rassurés par les navires arabes appelés les boutres qui leurs paraissent trop instables pour affronter des tempêtes. Ils décident donc de continuer à pied, via les routes terrestres de la Soie. Ils atteignent les haut-plateaux du Pamir, entourés par d’immenses montagnes où ils découvrent notamment une variété de mouflon qui est aujourd’hui appelée le mouton Marco Polo. Arrivés à Kashgar, ils passent au sud du désert du Taklamakan, longeant le plateau tibétain puis ils atteignent la première cité chinoise, Ganzhou, aujourd’hui appelée Zhangye. Ils y découvrent le Bouddhisme qui leur était totalement inconnu. Dans un temple de la ville se trouve le plus grand Bouddha couché de Chine. Ils y résident un certain temps, jusqu’à ce qu’une escorte vienne les chercher. Depuis le séjour 8 ans plus tôt, des frères Polo à Karakorum, la situation a évolué. Les Mongols ont conquis une grande partie de la Chine de la dynastie Song et Kubilai Khan a fondé la Dynastie Yuan, déplaçant sa capitale à Khanbalik, la ville du Khan, aujourd’hui connue sous le nom de Pékin. A 300 km au nord se trouve Xanadu, la résidence d'Été du Grand Khan. En 1274, les Polo y arrivent et séjournent dans le somptueux palais de marbre. Marco Polo semble avoir fait bonne impression auprès du Grand Khan qui décide de l’engager dans son service diplomatique. On ignore exactement sa fonction, mais on sait qu’il est dès lors amené à voyager aux confins de la Chine. Dans la capitale, il découvre des billets faits avec l’écorce de mûrier. Une fois séchés, noircis et avec le sceau du souverain, ceux-ci sont échangés contre de l’or et des pierres précieuses. C’est sans doute la première fois qu’un Européen découvre le papier-monnaie. En un ou plusieurs voyages, il explore le sud-ouest. Il est vite impressionné par le système très développé des routes. Le Grand Khan a fait planter des arbres tout le long des chemins afin de les rendre visibles de loin, de ne pas s’y perdre en hiver et de se protéger du soleil en été. Tous les 40 à 50 km, un relais de poste impérial fourni logement et chevaux aux marchands et aux messagers du Khan, ce qui permet de faire circuler l’information très rapidement dans tout l’empire. Après avoir traversé le Sichuan et les montagnes du Yunnan, il atteint le Mékong qui forme la frontière avec l’empire birman. Ce dernier est vaincu par les Mongols qui occupent la capitale Pagan à partir de 1287. Il est donc possible que Marco Polo y soit allé et qu’il ai vu les milliers de temples, aussi appelés les Pagodes, qui étaient couverts d’or. Marco Polo a aussi exploré le Sud-Est. Ici le paysage est plat, avec d’immenses étendues d’eau, permettant une production massive de riz. Il dépasse le fleuve Jaune et atteint Yangzhou où il dit avoir remplacé le gouverneur pendant trois ans. Plus au sud, il découvre Suzhou, une ville au nombreux canaux, qui est alors surnommée la capitale de la Soie. Enfin il arrive à Chinsai, l’ancienne capitale de la dynastie Song. La ville est immense et très moderne, avec ses routes pavées, ce qui était encore très rare en Europe et les nombreuses maisons en pierre dans le centre. Marco Polo y reste trois ans et occupe probablement un rôle administratif important, en tout cas il a accès à des informations tenues secrètes comme les taxes perçues par le Grand Khan, notamment sur le commerce du sel. Enfin il atteint Quanzhou qu’il nomme Zayton et qui est un immense port commercial international. Après 16 ans passés en Chine, les 3 Polo souhaitent rentrer à Venise. Au même moment, une ambassade envoyée par l’Ilkhan de Perse demande à Kubilai Khan une nouvelle femme pour remplacer la reine défunte. Ce dernier accepte et envoie la princesse Cocacin, accompagnée d’une ambassade de 600 personnes. Les Polo en profitent et se joignent à l’expédition qui quitte Zayton à bord de 14 navires. Arrivés à Sumatra, ils font une escale de 5 mois pour attendre la fin de la Mousson. Marco Polo y voit des éléphants et des rhinocéros de Sumatra qu’il appelle des licornes. Enfin, l’ambassade repart et atteint l’île de Ceylan qui regorge de pierres précieuses et de perles. Après avoir longé la côte occidentale de l’Inde, ils atteignent Ormuz, puis remontent jusqu’à Tabriz pour remettre la princesse. Une fois leur mission accomplie, les 3 Polo repartent vers l’Ouest, jusqu’à Trébizonde où ils sont attaqués et dépouillés d’une partie de leurs richesses. Enfin, ils prennent la mer et atteignent Venise 24 ans après leur départ. Leur famille qui les croyait morts peine à les reconnaître… Quelques années plus tard, un conflit éclate entre Venise et sa grande rivale Gêne. Marco Polo, lors d’une bataille, est fait prisonnier. Il est incarcéré avec un certain Rustichello de Pise, un poète écrivain. Marco Polo lui dicte alors dans les détails ce qu’il a observé en Asie, et Rustichello prend des notes et rédige un livre intitulé “Le Devisement du Monde” ou “Le Livre des Merveilles”. Après la paix entre Gênes et Venise, Marco Polo est libéré et son livre connaît rapidement un gros succès. Il est traduit et recopié manuellement des dizaines de fois, entraînant probablement certaines erreurs ou modifications. L’Europe découvre ainsi l’Asie et se passionne désormais pour les richesses de ce continent. Marco Polo se marie avec Donata avec qui il a trois filles puis il meurt en 1324 à l’âge de 69 ans. Plus de deux siècles plus tard, son livre inspirera encore de nombreux explorateurs, tel Christophe Colomb qui, lors de ses voyages en Amérique, pensant être en Asie, a longtemps cherché à rencontrer le Grand Khan. Plus récemment, certains remettent en question le voyage de Marco Polo, notamment parce qu’il manque des éléments qui aujourd’hui paraissent indispensables, tels que la muraille de Chine, le thé ou la calligraphie chinoise. A l’inverse, Marco Polo décrit parfois de manière très précise certains détails qu’il n’aurait pas pu inventer et qui semblent prouver qu’il les a vus de ses propres yeux. Par ailleurs, Marco Polo n’a pas été retrouvé dans les archives chinoises, mais il est fort probable qu’il ait été connu sous un autre nom. Aussi, certains passages décrivent des légendes, ou des régions qu’il n’a pu voir, au vu de son itinéraire, mais dont il peut avoir entendu parler, comme des sources de pétrole dans le Caucase ou le Japon qu’il nomme Cipango.