Histoire Géo

Le Yémen

Avatar

Le Yémen

En seulement 28 ans d’existence, insurrections, conflits, révoltes, attaques terroristes et guerres ont fragilisés et divisés le pays le plus pauvre du moyen-orient, retraçons sur carte, depuis sa création, l'histoire de la république du Yémen.

Contexte

On commence en 1988, à cette date le Yémen est divisé en deux. Au sud il y a la République démocratique populaire du Yémen dont la capitale est Aden. C’est le seul pays communiste du Moyen-Orient, dirigé par un parti unique et allié a l’URSS. Bien que le pays soit vaste, il est principalement désertique et est peuplé par environ 2 millions et demi d’habitants. Au nord, la république arabe du Yémen, dont la capitale est Sanaa est un État islamique. Le pays est habité par 7 millions d'âmes et est plus prospère.

Réunification

La fin de la guerre froide est proche, affaiblit, l’URSS réduit ses aides financières au Yémen du Sud, le poussant à se rapprocher diplomatiquement de son voisin et d’entamer des discussions pour la réunification du pays. Deux ans plus tard, en 1990 naît la République du Yémen. L’ex président du Yémen du Nord, Ali Abdallah Saleh, déjà au pouvoir depuis 11 ans, prend les rennes du nouveau pays. Tandis que l’ex président du Yémen du Sud, Ali Salem al-Beidh devient vice président. La capitale est Sanaa et la population est en grande majorité musulmane avec environ 35 pourcents de chiites zaïdites pour 65 pourcents de sunnites.

Premières difficultés

A peine indépendant, le pays prend position contre une intervention en Irak lors de la guerre du Golfe. En réaction l’occident et les pays arabes lui coupent les aides financières. L’Arabie Saoudite quant à elle chasse les nombreux travailleurs yéménites présents sur son territoire. Le pays est en difficulté financière, ne voyant pas d'amélioration, le vice président al-Beidh veut retrouver son indépendance. Après une courte guerre civile, le nord l’emporte et le poste de vice président est donné au ministre de la défense, Abd Rabbo Mansour Hadi.

Insurrections

Dès 1997, commence une insurrection djihadiste avec Al Qaïda au Yémen qui vise les forces loyalistes et les Etats-Unis. Le gouvernement se lance dans la lutte contre l’organisation terroriste. En 2004, des tribus chiites zaïdites du nord du pays se plaignent d’être marginalisées et commencent une nouvelle insurrection. La rébellion porte le nom de Houthi, qui est le nom de leur chef tué cette même année par l’armée. Le groupe est d’idéologie antiaméricaine, antisémite et antisioniste.

Printemps arabe

Dans le sud du pays, il y a toujours des frustrations causées par la réunification du pays. En 2007 est créé le “Mouvement du Sud”, un groupe politique indépendantiste qui participe en 2011 à la révolution yéménite. Motivée par le printemps arabe, la population sort dans la rue et réclame la fin de la corruption, une économie plus saine et moins de chômage. Le président Saleh tente de s’accrocher au pouvoir mais est finalement remplacé par son vice président Hadi qui entame des discussions en vue d’une restructuration plus démocratique.

La guerre civile yéménite

Deux ans plus tard, les réformes proposées sont faibles et les Houthis se sentent lésés car ils n'héritent d’aucun pouvoir dans leur région. Ils prennent alors les armes et commencent la guerre civile yéménite, cette fois avec le soutien de la population et des forces restées fidèles à l’ancien président Saleh qui tente un retour au pouvoir. Ensemble ils conquièrent Sanaa, obligeant Hadi à fuire vers Aden, puis vers l’Arabie Saoudite. Le Conseil de coopération du Golfe condamne ce qu’il appelle un coup d’Etat.

Coalition internationale

Sur fond de conflit régional, l’Arabie Saoudite accuse l’Iran, majoritairement chiite, de soutenir militairement la rébellion houthis. De plus, le pays ne souhaite pas voir le détroit de Bab El Mandeb, qui le 4eme point de passage maritime le plus important au monde pour le pétrole, aux mains des rebelles. L’Arabie Saoudite met alors en place une coalition internationale de 9 pays majoritairement musulmans sunnites afin de rétablir Hadi au pouvoir. Ils bénéficient d’un soutien en logistique et en renseignement des États-Unis. La coalition commence par bombarder les installations stratégiques, alors que l’ONU impose un embargo contre la vente d’armes aux Houthis et leurs alliés. En juillet la coalition reprend Aden où part s’installer Hadi et son gouvernement. Le front se déplace ensuite jusqu’aux portes de Taëz.

Bombardements aériens

Bien que la coalition soit mieux équipée, son manque d’expérience sur le terrain lui font subir régulièrement des pertes et l'empêchent de prendre le dessus. Le conflit s’enlise, en conséquence, la coalition intensifie les bombardements aériens. La population civile est très souvent victime du manque de précision ou de bavures. En octobre, l'hôpital de Haydan est bombardé. L’ONU condamne les frappes et demande l’entame de négociations en vue d’un traité de paix, mais celles-ci n’aboutiront pas.

Crise humanitaire

En plus des frappes aériennes, la coalition impose un embargo sur les ports et aéroports contrôlés par les Houthis. Seuls les vols humanitaires sont autorisés, mais ce n’est pas suffisant pour la population qui se trouve en situation de crise humanitaire, plus de 2 millions de personnes sont déplacées a l'intérieur du pays. Fin 2016 commence une épidémie de choléra qui contaminera jusqu’à 1 million de personne et fera plus de 2200 morts. L’ONU estime que 7 millions de yéménites, soit un quart du pays, sont proches de la famine.

Dissensions

A Sanaa, Saleh rompt son alliance avec les Houthis pour tenter une approche diplomatique avec l’Arabie Saoudite, en représailles il est tué quelques jours plus tard par les Houthis. A Aden, Hadi a du mal a s’imposer et a rassembler, le Mouvement du Sud crée le Conseil de transition, un nouveau gouvernement indépendantiste qui prend rapidement le contrôle de la ville et du palais présidentiel. Le groupe reçoit un soutien des Emirats Arabes Unis qui prennent leurs distances avec la coalition. Les émiratis se détournent de la lutte contre les Houthis pour se concentrer sur Al Qaïda et pour jouer de leur influence sur l’île de Socotra sur laquelle ils semblent avoir des vues.

Situation actuelle

En représailles aux missiles balistiques tirés vers l’Arabie Saoudite, la coalition intensifie encore ses frappes aériennes, surtout au nord. Les forces loyalistes a Hadi tentent de reprendre le port stratégique de Hodeida afin de couper l'accès à la mer aux Houthis. A Aden, le Mouvement du Sud se renforce avec l’appui des émiratis, alors que ceux ci ont dû quitter l’île de Socotra après une intervention de l’Arabie Saoudite. A l’Est, malgré les nombreuses attaques aux drones par les Etats Unis, Al Qaïda dans la Péninsule Arabique a su profiter du chaos pour se renforcer. D’autres groupes terroristes sont apparus dont l’Etat Islamique. Le pays est complètement divisé et c’est la population yéménite qui en paie le prix fort avec plus de 10 000 morts en 4 ans. D’après l’ONU, le blocus imposé au pays a provoqué la pire crise humanitaire de la planète. Alors que la vente d’armes vers l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis est en augmentation, avec de gros profits principalement pour les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France.