L’Empire russe (2/3)
Temps des troubles (1598 > 1613)
Dans le Tsarat de Russie, après la mort de Fédor 1er en 1598, la dynastie Riourikide qui gouvernait depuis 700 ans s’éteint. S'ensuit une période de troubles dans tout le pays alors que de nombreux prétendants au titre de Tsar se disputent le trône, y compris des imposteurs qui se revendiquent être de la lignée Riourikide. La Suède et la République des Deux Nations interviennent également, soutenant chacune leur candidat au trône. Après une victoire, le prince polonais entre dans Moscou et devient le nouveau Tsar. Mais rapidement des révoltes éclatent dans tout le pays et il est chassé. Des représentants de tout le pays se rassemblent alors pour élire un nouveau Tsar. Ils choisissent de placer sur le trône Michel Romanov, un jeune boyard, c’est-à-dire issu d’une vieille famille aristocrate. Il est le premier d’une nouvelle très longue dynastie. Mais il hérite d’un pays dévasté et ruiné par des années de guerres et d’instabilité. Des groupes de pillards saccagent les campagnes, alors que les armées polonaises et suédoises occupent toujours des territoires russes. Michel Ier, pour restaurer l’État, se fixe deux objectifs: assurer la paix et stabiliser les finances.
Reconstruction du pays (1613 > 1648)
Dans un premier temps, le Tsar, sans armée apte à combattre, négocie et obtient une trêve avec la Suède puis avec la Pologne. Il est contraint de céder de nombreux territoires, perdant l’accès à la mer Baltique. A l’inverse, dans les terres lointaines à l’Est, des explorateurs cosaques évoluent sans grande résistance, s’emparant de territoires et bâtissant de nouveaux avant-postes. Les tribus locales sont soumises et doivent payer un impôt en fourrure. En 1639, l’explorateur Ivan Moskvitine atteint les côtes de l’Océan Pacifique. Plus au sud, des explorations autour du fleuve Amour provoquent des premiers contacts avec la Chine. En 1648, Simon Dejnev devient le premier russe à franchir ce qui s'appellera plus tard le détroit de Béring. Dans tout le pays, les nombreuses taxes destinées à remplir les caisses de l'État provoquent des révoltes. En réaction, le Tsar Alexis rétablit l’ordre, notamment en renforçant le servage des paysans qui représentent la plus grande source de revenu pour l’État. Ceux-ci ne peuvent plus quitter leurs seigneurs qui ont tous les droits sur eux et qui sont désormais chargés de récolter l’impôt au nom de l’État.
La Petite Russie (1648 > 1670)
A l’Ouest, la République des Deux Nations est le résultat de l’union en 1569 de la Pologne et de la Lituanie qui avait conquis une grande partie des territoires de l’ancienne Rus’ de Kiev lors de la domination mongole. Ces terres majoritairement orthodoxes, sont un espace de relative liberté pour les paysans et les cosaques qui y vivent. Mais la noblesse polonaise locale veut les convertir au catholicisme et les asservir. Une révolte armée éclate alors, s’en prenant aux seigneurs polonais et aux juifs qui sont massacrés car ils étaient chargés de récolter les impôts. A Moscou, le Patriarche Nikon, le plus haut représentant de l’Eglise orthodoxe dans le pays, veut réformer l'Église et revenir aux textes byzantins originaux. Mais de nombreux orthodoxes refusent d’abandonner la tradition russe et prennent leur distance avec l’Eglise, provoquant un schisme. Les Vieux-Croyants seront progressivement réprimés. Dans la république des Deux Nations, la Russie offre sa protection à la révolte cosaque, ce qui provoque une guerre contre la Pologne. 13 ans plus tard, la Russie s’impose et s’empare d’un grand territoire qu’elle appelle la Petite-Russie. Les droits des cosaques y seront progressivement supprimés.
Pierre Ier (1670 > 1700)
Sur les bords de la mer Caspienne, une révolte cosaque éclate, regroupant des paysans en fuite, des vieux-croyants et des minorités. Ceux-ci remontent la Volga, s’en prenant aux nobles et aux administrations, et gagnant le soutien de la population. Finalement à Simbirsk, l’armée rebelle, mal équipée est vaincue. En Extrême-Orient, la tension monte avec la Chine pour le contrôle du bassin du fleuve Amour. Pour éviter une guerre, la Russie abandonne ses ambitions dans la région, mais qu’importe pour le nouveau Tsar Pierre Ier qui porte bien plus d’intérêt pour l’occident qui le passionne. Il organise une ambassade de 200 personnes qu’il intègre incognito afin de découvrir et d’en apprendre plus sur les puissances européennes, plus particulièrement la Hollande qui est une grande puissance maritime. Le tsar y passe plusieurs mois, travaillant notamment dans des chantiers navals. A son retour, il veut doter son pays d’une flotte militaire moderne. Mais pour cela, il doit obtenir un accès à la mer Baltique et donc vaincre la puissante Suède qui lui fait barrage.
L’Empire russe (1700 > 1725)
Après avoir signé une alliance anti-suédoise avec le Danemark et la Saxe, l’armée russe assiège Narva, mais elle est rapidement mise en déroute par l’armée suédoise. Cette dernière se dirige ensuite vers la Pologne et la Saxe, laissant à Pierre Ier un répit nécessaire pour renforcer son armée et reprendre l’offensive. Après une victoire à l’embouchure de la Neva, il décide d’y fonder une nouvelle ville qu’il baptise Saint-Pétersbourg. En 1707, l’armée suédoise, après avoir dominé ses ennemis, quitte la Saxe et marche vers Moscou. Mais alors que des renforts et du ravitaillement suédois arrivent de Riga, le roi Charles XII décide contre toute attente de bifurquer vers la Petite-Russie où il compte sur le soutien des cosaques et sur l’abondance de blé. Pierre Ier en profite pour intercepter l’armée de renfort. Au sud, après avoir subi un hiver rigoureux, l’armée suédoise est finalement vaincue. Charles XII se réfugie dans l’Empire Ottoman ce qui provoque une courte guerre mais sans succès pour la Russie. En 1712, Pierre Ier fait de Saint-Pétersbourg la nouvelle capitale de la Russie. Mais une grande partie de la population s’oppose à sa politique d’occidentalisation du pays, y compris son fils héritier Alexis. Ce dernier est jugé et meurt vraisemblablement sous la torture. En 1721, la paix est signée avec la Suède, le Tsarat de Russie l’emporte et devient l’empire russe. L’empereur Pierre le Grand obtient ce qu’il voulait; la Russie est solidement implantée sur les rives de la mer Baltique, tournée vers l’Europe où elle est désormais un acteur majeur. En 1725, Pierre le Grand meurt sans fils héritier.
La guerre de Sept Ans (1725 > 1762)
En 1730, Anne, la nièce de Pierre devient l’impératrice. Elle rêve d’avoir un accès à la Mer Noire, mais pour celà il faut vaincre le Khanat de Crimée et son puissant allié ottoman. Une armée russe entre en Crimée et une seconde en Moldavie. L’Autriche se joint à l’offensive, mais sans succès. Craignant que cela ne tourne mal, les armées russes se retirent, et malgré les lourdes pertes, la Russie rétrocède les territoires conquis, à l’exception de la ville d’Azov. Après la mort d’Anne, Elisabeth la fille de Pierre le Grand s’empare du pouvoir. Au même moment, tout à l’Est, Vitus Béring, un navigateur danois travaillant pour la Russie, découvre et explore les côtes de l'Amérique. Côté européen, après la Guerre de Succession d’Autriche, un intense jeu diplomatique bouleverse les alliances traditionnelles. La Grande Bretagne se rapproche de la Prusse, alors que la Russie s’allie à l’Autriche et à la France. La guerre de 7 ans éclate, les armées russes entrent en Prusse mais elles font face à une résistance farouche. Après des années de combat, alors que la victoire est imminente, Elisabeth décède. Son neveu Pierre III monte sur le trône, étant un grand admirateur de la Prusse, il interrompt immédiatement la guerre. Malgré les énormes pertes, il rend tous les territoires occupés à la Prusse sans aucune contrepartie, ce qui passe très mal en Russie.
Catherine II la Grande (1762 > 1796)
Quelques mois plus tard, Pierre III est victime d’un coup d’état fomenté par sa propre femme Catherine II qui s’empare du trône malgré ses origines entièrement allemandes. Elle entame son règne en renforçant l’influence russe en Pologne, ce qui provoque une rébellion. L’empire ottoman, après des incidents à sa frontière, déclare la guerre à la Russie. Ce qui satisfait l’impératrice qui rêve elle aussi d’avoir un accès à la mer Noire, mais aussi de créer un État grec néo-Byzantin qui contrôlerait les détroits menant à la mer Méditerranée. Les troupes russes évoluent jusqu’à Bucarest, alors qu’une flotte militaire partie de la mer Baltique détruit entièrement la flotte ottomane. Craignant une intervention autrichienne contre la nouvelle domination russe dans les Balkans, la Prusse et la Russie lui proposent un partage entre les trois puissances, d’un tiers des terres polonaises. En Russie, une insurrection cosaque qui regroupe des paysans et de nombreux peuples soumis prend de l’ampleur, obligeant Catherine II à y envoyer des forces. La même année, la paix est signée avec l’empire ottoman. La Russie occupe militairement la Crimée, mais en 1783, elle viole le traité et annexe le territoire. De nombreux colons partent s’y installer, chassant les populations musulmanes. Le port militaire de Sébastopol est fondé, puis après une nouvelle victoire contre les ottomans le port d’Odessa. Au nord, la Pologne se retrouve entièrement partagée entre ses voisins. La Russie obtient de nombreux territoires slaves et baltes, mais le pays est désormais voisin de deux grandes puissances allemandes. En 1796, Catherine II la Grande meurt.
Napoléon (1796 > 1812)
En France, la révolution démarrée en 1789 et l’exécution du roi Louis XVI, font craindre aux monarchies européennes la propagation des idées révolutionnaires dans tout le continent. En 1798, la Russie se joint à une alliance anti-française. Une armée russo-autrichienne chasse les français d’Italie, alors qu’une flotte russo-ottomane s’empare des îles ioniennes. Dans le Caucase, la Russie et la Perse se disputent le contrôle de la région, ce qui provoque une guerre. En 1805, Alexandre Ier se joint à la 3ème coalition contre la France de Napoléon, mais son armée est vaincue à Austerlitz. Deux ans plus tard, Napoléon évolue sur les territoires de l’ancienne Pologne, les armées russes sont à nouveau vaincues, obligeant Alexandre Ier à signer un traité de paix. Napoléon mène la danse, il crée le Duché de Varsovie et obtient une alliance avec la Russie qui s’engage à respecter le blocus continental contre le Royaume-Uni. La paix étant assurée avec Napoléon, la Russie peut se concentrer sur d’autres fronts, contre la Perse, l’empire Ottoman ou encore la Suède pour le contrôle de la Finlande. En 1808, Napoléon, en difficulté dans la péninsule ibérique, craint que l’Autriche en profite pour l’attaquer. Il convie Alexandre Ier à Erfurt pour s’assurer de leur alliance et de son soutien. Mais ce dernier ne se montre pas coopératif. Napoléon comprend qu’il ne peut compter sur la Russie, il prépare alors l’invasion du pays.
Guerre patriotique de 1812 (1812 > 1825)
En Juin 1812, Napoléon et ses armées entrent en Russie, espérant une victoire rapide. Mais les armées russes évitent l’affrontement et reculent, contraignant les français à s’enfoncer loin dans les terres. Aux portes de Moscou, une bataille sanglante à finalement lieu, au terme de laquelle les russes se retirent, laissant Moscou aux français. Mais la ville est désertée et incendiée. Napoléon tente désespérément d’obtenir la signature d’un traité de paix, mais Alexandre Ier ne donne pas suite. Finalement, Napoléon est contraint de rebrousser chemin, alors qu’un hiver exceptionnellement rigoureux décime son armée. Harcelé par les armées russes, Napoléon réussit de justesse à fuir le pays avec une infime partie de son armée. Mais Alexandre Ier continue la guerre en Europe, il est rejoint par la Prusse, l’Autriche et la Suède, alors que les français sont chassés d’Espagne par les armées anglaises, portugaises et espagnoles. Alexandre Ier et ses alliés entrent dans Paris et obtiennent l’abdication de Napoléon. A Vienne, les vainqueurs se réunissent pour dessiner les nouvelles frontières de l’Europe et restaurer les monarchies. Alexandre Ier ayant joué un rôle majeur dans le chute de Napoléon, obtient une grande partie du Duché de Varsovie qui conserve une certaine autonomie. Par ailleurs, il crée la même année la Sainte-Alliance qui a pour mission d’assurer la paix en Europe. La Russie triomphe sur le plan européen. Pendant ce temps en Amérique, le commerce des fourrures se développe sous l’impulsion de la compagnie russe d’Amérique.
Insurrections et révolutions (1825 > 1849)
Après la mort d’Alexandre Ier, le successeur Constantin refuse de monter sur le trône. C’est donc son frère Nicolas qui devient le nouvel empereur. Mais à peine au pouvoir, il évite de justesse un coup d'État militaire. En réaction, il renforce l’autocratie et la surveillance du pays. Dans les Balkans, l’empire ottoman est mis à mal par une insurrection grecque. La Russie en profite et provoque une guerre. L’armée russe se rapproche dangereusement de Constantinople, mais Nicolas Ier sait que la France et surtout le Royaume-Uni voient d’un mauvais œil la montée en puissance russe et ne le laisseront pas prendre la capitale. Lors du traité de paix, la Russie consolide sa présence sur la mer Noire. En 1830, plusieurs révolutions éclatent en Europe, y compris en Pologne où l’armée russe intervient violemment, provoquant des mécontentements sur le continent. L’empereur renforce alors ses alliances avec la Prusse et l’Autriche, puis obtient une alliance défensive avec l’empire ottoman. Ses frontières occidentales étant sécurisées, Nicolas Ier peut se concentrer sur les montagnes du Caucase où de nombreux peuples principalement musulmans résistent farouchement à l’envahisseur russe. En Europe, la Sainte-Alliance est mise à mal par la montée du nationalisme. Un peu partout, des peuples se soulèvent, visant l'autodétermination. Craignant la propagation des idées révolutionnaires en Russie, Nicolas Ier soutient ses alliés. L’empire d’Autriche, au bord de l’implosion, reçoit une aide précieuse de l’armée russe pour mater la révolution hongroise.
La guerre de Crimée (1852 > 1876)
Après de nouvelles tensions, une guerre éclate contre l’empire ottoman. Les armées russes l’emportent sur terre et sur mer. Mais cette fois, la France et le Royaume-Uni interviennent et déclarent la guerre à la Russie. De leur côté, la Prusse et l’Autriche, malgré les alliances, restent neutres. Les troupes russes se retirent des Balkans, dans la mer Noire les flottes franco-britanniques dominent avec leurs récents navires à vapeur. Après un débarquement militaire, les armées coalisées, mieux équipées battent les russes. Après le décès de Nicolas Ier et la paix signée par Alexandre II, la Russie réalise qu’elle a un gros retard de développement militaire, économique, industriel et agricole. Le nouvel empereur décide alors de réformer et moderniser tout le pays. Il accélère le développement du chemin de fer afin de faciliter l’accès aux régions reculées et à leurs ressources. En extrême-Orient, profitant du déclin de la Chine, la Russie repousse la frontière jusqu’au fleuve Amour. Alexandre II libère ensuite les paysans du servage, mais ceux-ci sont désormais liés à des communautés et doivent s’endetter pour racheter les terres qu’ils cultivent. L’empereur réforme aussi l’armée, le système éducatif, les administrations et la justice. En Asie centrale, les conquêtes russes rapprochent le pays à l’empire britannique rival. Craignant une nouvelle guerre contre ce dernier, l’empereur décide de vendre aux États-Unis l’Alaska qu’il juge trop difficile à défendre.
Instabilité (1876 > 1894)
Dans les Balkans, des insurrections mettent à mal l’empire ottoman. La Russie en profite, et après une nouvelle guerre impose l’indépendance de nouveaux états. Mais les puissances européennes refusent la suprématie russe dans la région et se réunissent à Berlin pour revoir le traité. En Russie, la population vit ça comme une trahison allemande. Par ailleurs, la situation se complique pour Alexandre II. Ses nombreuses réformes provoquent des mécontentements. Les paysans n’ont pas tout à fait acquis leur liberté, les nobles ont perdu leurs privilèges. Le développement de l’industrie fait naître une communauté ouvrière dont les conditions de travail sont très difficiles. Enfin, la russification de l’empire se fait au détriment des nombreuses minorités qui représentent ⅓ de la population. Des mouvements révolutionnaires naissent, certains se radicalisent et Alexandre II devient la cible d’attentats. Après plusieurs échecs, l’empereur est assassiné en 1881. Des juifs sont accusés d’être impliqués dans l’attentat, ce qui provoque une vague de pogroms dans tout le pays et pousse des millions de juifs à fuir vers l’Europe et les États-Unis. Le nouvel empereur Alexandre III veut revoir les réformes de son père et restaurer une autocratie forte. En Europe, après la signature d’une alliance entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie, la Russie est de plus en plus isolée. Le pays se rapproche alors de la France, elle aussi isolée depuis sa défaite contre l’Allemagne en 1871. Les deux pays signent une alliance. En Russie, la construction d’un chemin de fer transsibérien ouvre la voie au pays vers l’extrême-orient.
Japon (1894 > 1914)
En 1895, le Japon expansionniste bat la Chine. Le nouvel empereur Nicolas II profite alors de la faiblesse de la Chine pour obtenir l’autorisation de construire un chemin de fer qui traverse la Mandchourie. Mais en Chine, une révolte met à mal le pouvoir, une alliance internationale intervient pour mater la révolte. L’armée russe occupe ensuite la Mandchourie, ce qui provoque le mécontentement du Japon qui a des vues sur ce territoire. En 1904, la guerre éclate et tourne à l’avantage des japonais qui dominent les armées russes. La flotte militaire de la Baltique, après plusieurs mois de navigation, est vaincue par la flotte japonaise. Les défaites russes provoquent une révolution. Les ouvriers organisent des grèves, les paysans attaquent les propriétés des nobles et les minorités revendiquent l’autonomie. Enfin, une grève des cheminots paralyse le pays. Dos au mur, l’empereur Nicolas II est contraint d’accepter l’instauration d’une Douma, c’est-à-dire une Assemblée législative, ce qui fragilise l’autocratie. Après avoir maté dans le sang les dernières poches révolutionnaires, l’économie du pays est relancée. La production de fer, de charbon et de pétrole augmente, ce qui booste le développement industriel. Le niveau de vie remonte et le pays se modernise. Par ailleurs, un rapprochement a lieu avec le Royaume-Uni afin de délimiter les zones d’influence en Asie centrale. La France, le Royaume-Uni et la Russie forment désormais la Triple Entente qui s’oppose à la Triple Alliance de l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie. Une guerre totale semble inévitable, les puissances s’y préparent.
La Première Guerre mondiale (1914 > 1917)
Dans les Balkans, l’héritier d’Autriche est assassiné par un nationaliste serbe de Bosnie. En représailles, l’Autriche-Hongrie, soutenue par l'Allemagne, déclare la guerre à la Serbie. La Russie qui se veut protectrice des slaves dans les Balkans décrète la mobilisation générale et en quelques jours, toute l’Europe se retrouve en guerre. Saint-Pétersbourg, dont le nom est à forte consonance allemande, est rebaptisée Petrograd. A Londres, les membres de la Triple Entente s’accordent pour ne pas signer de paix séparément. Les armées russes sont repoussées de Prusse orientale, mais réussissent à évoluer en Galicie. L’Empire ottoman rejoint la Triplice et ferme les détroits, isolant complètement la Russie. En 1915, alors que le front de l’Ouest est figé par des tranchées, l’Allemagne se tourne vers la Russie où elle s’empare de nombreux territoires, mais ici aussi le front se fige. Des millions de réfugiés errent dans le pays, alors que l’effort de guerre concentre 80% de l’industrie, au détriment des besoins civils. L’inflation et les rationnements mettent la population à bout alors que la guerre s’éternise. L’empereur et sa femme sont de plus en plus impopulaires, d’autant plus qu’ils sont sous l’influence d’un mystérieux Raspoutine qui est considéré comme un charlatan. A Petrograd des grèves se transforment en révoltes armées incontrôlables. L’empereur Nicolas II est finalement contraint d’abdiquer, ce qui marque la fin de la dynastie des Romanov. Un gouvernement provisoire géré par la Douma prend le relais. Celui-ci tente d’apaiser les tensions, mais il choisit de respecter la convention de Londres et donc de ne pas signer une paix séparée avec l’Allemagne. Le mécontentement continue au sein de la population et quelques mois plus tard, lors d’une seconde révolution, les Bolcheviks avec Lénine à leur tête s’emparent du pouvoir et signent directement un cessez-le-feu avec l’Allemagne.