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Les croisades

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Les croisades

Contexte

On commence au VII siècle dans la péninsule arabique. Après l’apparition de l’Islam, les arabes entament des conquêtes et en un siècle, établissent un immense califat qui s’étend de l’Asie centrale à la péninsule ibérique. La mer Méditerranée se retrouve divisée, avec les musulmans au Sud et les chrétiens au Nord qui sont eux-même divisés entre l’Eglise latine d’Occident et l’Eglise grecque et orthodoxe qui est principalement présente dans l’empire romain d’Orient, mieux connu aujourd’hui sous le nom d’empire Byzantin. La situation se stabilise et les chrétiens peuvent faire leur pèlerinage jusqu’à Jérusalem, la ville sainte des trois grandes religions monothéistes. Vers la fin du Xème siècle en Asie centrale, un chef turkmène nommé Seldjouk s’installe en Transoxiane et se convertit à l’Islam sunnite. Ses descendants qui sont appelés les turcs Seldjoukides conquièrent ensuite la Perse chiite, puis s’emparent de Jérusalem au détriment de l’Égypte fatimide elle aussi chiite. Les pèlerins chrétiens subissent alors des restrictions et des persécutions. Plus au nord, les turcs s’imposent en Anatolie jusqu’aux portes de Constantinople. L’Empereur Alexis Ier Comnène, appelle alors l’occident à la rescousse. Le Pape Urbain II y voit une opportunité pour étendre son pouvoir en Orient et convoque un concile à Clermont, au cours duquel il fait un discours enflammé, appelant les chrétiens à partir délivrer les lieux saints, leur promettant de les libérer de leurs péchés. Des milliers de personnes se préparent alors, sur leurs habits, elles cousent des croix avec des bouts de tissus, ce qui leur vaut le nom de “croisés”.

La croisade populaire

Plusieurs groupes partent séparément. D’une part, il y a ceux qu’on appelle les croisés nobles, dirigés par des seigneurs et composés de chevaliers bien armés et équipés. Et d’une autre, il y a les croisés populaires, qui regroupent principalement des non-combattants, y compris des femmes et des enfants. Certains de ces groupes, moins bien équipés, entament des pillages en chemin et se mettent à massacrer les juifs qu’ils considèrent responsables de la mort du Christ. Mais arrivés en Hongrie, l’armée du pays les déciment. Les survivants des croisades populaires sont alors pris en charge par Alexis 1er qui les loge dans un camp à Civitot, de l’autre côté du Bosphore. Mais ici aussi, les croisés se mettent à piller les environs jusqu’aux portes de Nicée, la capitale du Sultanat turc de Roum. En réaction, les troupes locales contre-attaquent et les anéantissent. Seuls 2000 survivants environ sont rapatriés par la flotte byzantine jusqu’à Constantinople où ils sont rejoints par les croisés nobles qui sont partis plus tard. Alexis 1er qui espérait l’aide de mercenaires, est surpris et effrayé de voir arriver une véritable armée latine. Il négocie avec cette dernière de récupérer les territoires qui seront conquis.

La première croisade

En 1097, la croisade quitte Constantinople. Après avoir fait tomber Nicée, elle parvient aux portes de la grande cité d’Antioche où elle commence un long et difficile siège. Mais si sur papier l’empire Seldjoukide est immense, il est en réalité divisé en de nombreuses principautés qui sont perpétuellement en concurrence, si bien qu’Antioche reçoit peu d’aide de ses voisins. Après sept mois de siège, la ville tombe. Les croisés prennent ensuite Maarat où ils commettent un terrible massacre. Rapidement, la peur des croisés se propage et pousse de nombreuses villes à se soumettre pour éviter de vivre le même sort. Au sud, l’Egypte fatimide profite de la situation pour reprendre Jérusalem, puis propose une alliance aux croisés, leur promettant une totale liberté de culte dans la ville. Mais l’offre est refusée, et les croisés arrivent aux portes de la ville qu’ils assiègent. Le 15 Juillet 1099, Jérusalem tombe. Les populations musulmanes et juives de la ville sont massacrées, mais l’ampleur de ce massacre varie selon les sources.

Les États latins d’Orient

N’ayant pas obtenu d’aide d’Alexis 1er, les croisés ne cèdent pas de territoire et créent les États latins d’Orient, avec le comté d’Édesse, la Principauté d’Antioche et le Royaume de Jérusalem, avec Godefroy de Bouillon à sa tête. Mais ce dernier meurt rapidement et est remplacé par son frère Baudouin de Boulogne. La croisade étant terminée, de nombreux chevaliers rentrent en Europe, si bien que les armées croisées se retrouvent en nette infériorité numérique. Le Pape tente alors de les renforcer en lançant trois croisades de secours, mais elles sont toutes anéanties en Anatolie. Les États latin parviennent malgré tout à repousser plusieurs offensives fatimides au Sud, et profitent des divisions et conflits entre les princes seldjoukides pour étendre et consolider leurs possessions. Ils peuvent aussi compter sur les républiques maritimes de Pise, de Gênes et de Venise qui les ravitaillent par la mer et qui comptent bien en profiter pour s’emparer de nouveaux marchés commerciaux dans la région. En 1109, la riche Tripoli tombe à son tour, son immense bibliothèque est brûlée, et le comté de Tripoli est créé. Sur la côte, seuls Tyr et Ascalon résistent encore aux armées croisées, alors que dans les terres, une paix est établie avec Alep et Damas. En 1115, une puissante armée arrive de Bagdad pour chasser les croisés et établir son autorité dans la région. Alep et Damas qui ne veulent pas tomber sous le joug de Bagdad, se rangent du côté des États latins pour repousser l’offensive. La situation étant plus ou moins stabilisée, l’ordre des Hospitaliers est créé pour soigner les pèlerins et une milice de chevaliers du Christ est chargée de les protéger. Ces chevaliers s’installent sur le Mont du Temple à Jérusalem, ce qui leur vaut d’être appelés les Templiers.

La deuxième croisade

Au Nord, Antioche est constamment en conflit avec l’empire Byzantin qui veut récupérer la ville. Au même moment, Baudouin III monte sur le trône de Jérusalem à seulement 13 ans, sous la régence de sa mère Mélisende. Le gouverneur d’Alep et de Mossoul, Zengi, profite alors de l’instabilité pour assiéger par surprise Édesse qu’il prend en un mois. Apprenant celà, le Pape lance une nouvelle croisade. Cette fois, l’Angleterre y participe, en chemin, ses forces s’arrêtent pour aider le roi portugais à conquérir Lisbonne. De leurs côtés, les allemands, sous les ordres de Conrad III du Saint Empire et les français menés par Louis VII partent séparément vers l’Orient, les allemands ouvrant la voie. En Anatolie, les deux armées sont constamment harcelées par les Turcs et subissent des défaites. Les survivants parviennent finalement à rejoindre Jérusalem par la mer. Mais au lieu de partir pour Édesse, ils attaquent Damas qui est pourtant leur meilleure alliée dans la région face à Noureddin, le fils héritier de Zengi qui a obtenu Alep et Édesse. Le siège échoue, et les souverains, frustrés par leur échec, rentrent en Europe. Noureddin en profite et s’empare de Damas, unifiant la Syrie musulmane.

Saladin

Après la mort de Baudouin III, son frère Amaury monte sur le trône. Au même moment en Égypte, deux coups d’État ont lieu en moins d’un an. Amaury en profite alors pour entamer la conquête du califat. Mais le vizir déchu fuit en Syrie pour demander de l’aide à Nureddin. Ce dernier qui ne veut pas voir l’Égypte tomber aux mains des chrétiens envoie sur place son meilleur général Shirkuh. Après plusieurs années de batailles, de trêves, de changements d’alliances et d’arrangements, ce dernier s’impose et devient le nouveau vizir d’Égypte. Deux mois plus tard il meurt et est remplacé par son neveu Saladin qui fonde la dynastie Ayyoubide et qui met fin au califat fatimide chiite. En 1174, en deux mois, Nureddin et Amaury meurent de maladies, laissant chacun sur le trône un fils mineur. Saladin en profite, et en moins de 10 ans, parvient à unifier l’Égypte et la Syrie. En 1185, Baudouin IV meurt de la lèpre à 24 ans et l’année suivante, l’héritier Baudouin V meurt à 7 ans. Le titre est alors donné à Guy de Lusignan qui est sous l’influence du sanguinaire Renaud de Châtillon, connu pour avoir dévasté Chypre et pour avoir lancé un raid contre Médine et la Mecque. Depuis sa citadelle de Kerak, il attaque régulièrement les caravanes musulmanes qui passent dans les environs, malgré une trêve avec Saladin. Ce dernier décide alors d’en finir avec les croisés et réunit ses forces à Damas.

La chute des États latins d’Orient

A la tête d’une puissante armée, Saladin assiège Tibériade puis fait combler les puits sur le chemin qui mène à la ville. L’armée croisée arrive donc assoiffée après une journée de marche sous un soleil de plomb. Saladin et son armée lui bloquent l’accès au lac de Tibériade et allument des feux de broussailles pour mettre les chrétiens encore plus en difficulté. Finalement, ceux-ci sont battus, Renaud de Châtillon est exécuté et le roi Guy de Lusignan est fait prisonnier. Saladin exploite ensuite sa victoire en s’emparant rapidement de presque tous les territoires croisés, à l’exception de Tyr, de Tripoli et d’Antioche qui résistent. A Tyr, un seigneur italien, Conrad de Montferrat, débarque en renfort avec son armée et repousse les offensives de Saladin. Ce dernier tente alors de semer la zizanie en libérant Guy de Lusignan, lui faisant promettre de ne plus attaquer les musulmans. Mais Conrad ne lui ouvrant pas les portes de Tyr, Guy de Lusignan regroupe quelques forces et malgré sa promesse, entame le siège de Ptolémaïs, avec l’aide de renforts provenant d’Europe, où une troisième croisade se prépare.

La troisième croisade

Trois grands groupes se mettent en route. La croisade allemande, sous les ordres de l’empereur Frédéric Barberousse, part en tête via la terre. Mais en Anatolie, l’empereur se noie dans le fleuve Saleph et son armée se disperse. De leurs côtés, les croisades françaises et anglaises partent séparément via la mer. En chemin, les anglais, sous les ordres de Richard Coeur de Lion, s’arrêtent à Chypre qu’ils conquièrent afin d’établir un nouveau Royaume latin. Ils repartent ensuite à Ptolémaïs qui tombe aux mains des croisés et qui est rebaptisée Saint-Jean-d’Acre. Richard Coeur de Lion prend alors la tête de la croisade et part reconquérir la côte avec l’aide d’une puissante flotte qui le suit. Mais malgré ses succès et une importante victoire contre l’armée de Saladin, il ne lance pas d’offensive vers Jérusalem, peut-être car la ville est trop éloignée des côtes, ce qui nécessite d’organiser un ravitaillement compliqué. Il négocie alors avec Saladin et obtient l’accès à la ville pour les pèlerins chrétiens et une trêve de 3 ans, puis repart en Europe. L’année suivante, Saladin meurt et son empire est à nouveau divisé entre plusieurs héritiers et les querelles reprennent.

Les quatrième et cinquième croisades

En 1198, le Pape Innocent III lance une nouvelle croisade. Cette fois, il est prévu d’envahir l’Égypte, plus riche en ressources, pour y organiser une expédition contre Jérusalem. Venise accepte d’acheminer la croisade et de la ravitailler, contre un important paiement. Mais ne parvenant pas à réunir les fonds, les croisés se mettent au service de la ville et, malgré l’opposition du Pape, assiègent Zara, une ancienne possession vénitienne passée récemment aux mains de la Hongrie chrétienne. L’expédition est ensuite convaincue d’attaquer Constantinople, la plus grande ville d’Europe et une importante concurrente de Venise. Après un siège, la ville est pillée et saccagée, y compris les Églises orthodoxes. L’empire Byzantin est ensuite démantelé au profit d’un empire et de royaumes latins. Cet événement provoque la colère des grecs orthodoxes et marque la rupture avec l'Église latine. Les grecs de l’empire de Nicée parviendront à reprendre Constantinople 50 ans plus tard et rétabliront l’empire Byzantin, mais très affaibli. Venise pour sa part est désormais la plus grande puissance commerciale d’Europe. En 1213, Innocent III appelle à une nouvelle croisade. Les chevaliers français étant déjà en croisade contre les cathares, seuls le roi de Hongrie et le duc d’Autriche se lancent. Après un échec sur le plateau du Golan, ils changent leur stratégie et embarquent pour l’Égypte, où ils entament par surprise le siège de Damiette. Après la chute de la ville, les croisés refusent l’offre du sultan d’échanger la ville contre Jérusalem et continuent leur conquête. Mais arrivés aux portes de Mansourah, les musulmans profitent d’une crue du Nil pour ouvrir les digues, ce qui inonde le delta. Les croisés se retrouvent enlisés sur une bande de terre boueuse. Pour éviter d’être massacrés, ils capitulent, rendent Damiette et repartent.

La sixième croisade et la croisade des barons

En 1225, l’empereur du Saint Empire, Frédéric II, épouse la fille du roi de Jérusalem et s’empare du trône. Le Pape lui ordonne alors de faire une croisade, mais Frédéric II tarde à se lancer, ce qui lui vaut d’être excommunié. Frédéric II qui porte beaucoup d’intérêt pour l’Islam et le monde arabe, échange même avec le sultan d’Égypte al-Kamel. Or ce dernier est en guerre contre ses frères de Syrie, et n’est pas opposé à l’idée de céder Jérusalem aux croisés contre une alliance, ce qui permettrait aussi d’établir une frontière. Frédéric II débarque à Saint-Jean d’Acre avec une petite armée et, sans combat, reçoit Jérusalem dont les fortifications ont été démantelées, obtenant même une trêve de 10 ans. Il séjourne trois jours dans la ville, puis repart en Europe, laissant Jérusalem sans protection et le royaume sans roi présent sur place. Par conséquent, les Templiers, les Hospitaliers, le plus récent ordre allemand des chevaliers Teutoniques et les Républiques italiennes entament librement leur propre politique. En 1238, alors que les 10 années de trêve arrivent à terme, le Pape s’inquiète pour Jérusalem et appelle à une nouvelle croisade. Frédéric II y étant opposé, seuls des français se mettent en route. A leur arrivée à Saint-Jean-d’Acre, l’émir de Transjordanie conquiert facilement Jérusalem. Mais les croisés profitent des guerres fratricides qui déchirent la Syrie et l'Égypte pour récupérer, grâce à un jeu d’alliances, de nombreux territoires, y compris Jérusalem.

La septième croisade

A l’Est, l’empire Mongol domine la Perse depuis 1221. Depuis lors, des mercenaires iraniens errent, pillant tout sur leur passage. En 1244, après une alliance avec l’Égypte, il ravagent Jérusalem et la région passe sous contrôle égyptien. Le roi de France Louis IX qui sera plus tard canonisé, lance alors sa croisade pour reprendre la ville. Lui aussi vise l’Égypte et s’empare rapidement de Damiette. Le sultan lui propose alors à nouveau un échange contre Jérusalem et ses environs, mais Louis IX refuse et continue sa conquête. A Mansourah, il se heurte aux mamelouks, des esclaves issus des steppes centrales d'Eurasie qui ont été formés à la guerre et qui constituent l’armée personnelle du Sultan. Ces derniers repoussent les français et capturent le roi. Ils font ensuite un coup d’État et établissent le sultanat mamelouk. Louis IX est libéré contre Damiette et le versement d’une rançon. Il part alors s’installer quelques années à Saint-Jean-d’Acre pour tenter de rétablir l’ordre.

Les Mongols

A l’Est, les Mongols préparent une nouvelle offensive. Le Khan Houlagou, le maître de la Perse, est chargé d’étendre son territoire jusqu’en Égypte. En 1258, son armée s’empare de Bagdad, massacre la population et tue le calife Abbasside. Les Mongols évoluent ensuite en Syrie, prenant Alep et Damas. Les royaumes chrétiens d’Orient, pour éviter d’être massacrés, choisissent de se soumettre, à l’exception de Saint-Jean-d’Acre qui reste neutre, le royaume étant déchiré par une guerre qui oppose les vénitiens, alliés aux Templiers et les Génois, alliés aux Hospitaliers. Mais au même moment, à des milliers de kilomètres de là, l’empereur mongole Möngke meurt. Houlagou repart alors à la hâte avec le gros de ses troupes pour participer à une guerre de succession. Les mamelouks en profitent et partent anéantir les dernières troupes mongoles présentes en Syrie. Ils prennent ensuite le contrôle de la région, et Baybars, leur nouveau sultan, décide d’en finir avec les royaumes chrétiens. En 1268, il prend Antioche.

La fin des croisades

Louis IX lance alors une nouvelle croisade, mais cette fois il l’a dirige vers Carthage, probablement pour tenter de convertir le sultan local à la chrétienté. Ce dernier se réfugie à Tunis en attendant les renforts Mamelouks. Mais dans le camp des croisés, des maladies se propagent et sont notamment fatales pour Louis IX. Une paix est alors signée et les chrétiens repartent, contre le versement d’un tribut et la liberté de culte pour les chrétiens de la ville. Quelques jours plus tard, le prince Edouard d’Angleterre arrive avec ses troupes en renfort. Voyant qu’il est arrivé trop tard, il continue sa route jusqu’à Saint-Jean-d’Acre, où il obtient, après des négociations, une trêve avec Baybars. A la fin de celle-ci, le nouveau sultan reprend l’offensive et s’empare notamment de Tripoli. Saint-Jean-d’Acre est alors le dernier grand bastion chrétien, mais qui est toléré car le commerce entre l’Orient et l’Occident y est florissant et profite à tous. Mais en 1291, des croisés italiens arrivent et massacrent les marchands musulmans de la ville. Cette fois, s’en est trop pour les mamelouks qui s’emparent des derniers bastions chrétiens. La plupart des croisés se réfugient alors à Chypre. Les chevaliers Teutoniques rejoignent l’État teutonique, une colonie allemande fondée après une croisade contre les peuples Baltes païens. Les Hospitaliers après une conquête, s’installent sur l’île de Rhodes. Alors que l’ordre des Templiers est aboli par le Pape. En 1522, l’Empire ottoman prend Rhodes, obligeant les Hospitaliers à se réfugier à Malte, où ils entament une guerre maritime contre les musulmans. Mais en 1798, alors que Napoléon est en route pour l’Égypte, il s’empare de l’île et met fin à l'ordre des Hospitaliers. Et 10 ans plus tard, alors qu’il domine l’Europe, il dissout l’ordre des Chevaliers Teutoniques.