Les indépendances en Amérique
Les États-Unis
On commence en 1763. Presque tout le continent américain est dominé par les puissances coloniales européennes. L’Espagne possède un très large territoire. Au sud, les Portugais contrôlent le Brésil. Dans les îles d’Amérique centrale, principalement la France et la Grande Bretagne développent d’immenses plantations de canne à sucre et de café en important des esclaves d’Afrique. Enfin, le Nord est en grande partie passé aux mains de la Grande Bretagne après sa victoire lors de la Guerre de Sept ans. Les Britanniques dominent tous leurs rivaux, notamment grâce à la puissante Royal Navy. Mais la guerre ayant pesé sur ses finances, le pays compte renflouer ses caisses en imposant de nouvelles taxes à ses colonies. Treize d’entre elles s’y opposent et la tension monte jusqu’à provoquer la Guerre d’indépendance des États-Unis. La France, l’Espagne et les Provinces Unies en profitent pour s'allier aux indépendantistes afin d’affaiblir la Grande Bretagne. Finalement, les Britanniques sont défaits et contraints de reconnaître l’indépendance des États-Unis d’Amérique, qui est la première colonie européenne à s'émanciper. Dès les premières années, les colons États-Uniens étendent leurs possessions vers l’Ouest au détriment des populations indigènes, ce qui provoquera de très nombreuses guerres internes.
Révolte de Saint-Domingue
En France, après la Guerre de 7 ans et la Guerre d’indépendance des États-Unis, la situation économique est catastrophique, ce qui participe au déclenchement de la Révolution française. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen est proclamée. Celle-ci affirme notamment que “Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits”. Dans la riche colonie de Saint-Domingue, ces mots résonnent auprès des esclaves et affranchis qui se révoltent contre les grands propriétaires terriens, aussi appelés les planteurs. L’Espagne et la Grande-Bretagne s’unissent pour combattre les insurgés. Mais ces derniers l’emportent et occupent toute l’île. Napoléon Bonaparte qui s’est emparé du pouvoir en France comprend qu’il sera difficile de réaffirmer sa souveraineté sur ses territoires lointains. Il envoie une armée à Saint Domingue et décide de vendre aux États-Unis la Louisiane qu’il venait d’obtenir secrètement de l’Espagne 3 ans plus tôt. À Saint Domingue, les soldats français, affaiblis par les maladies sont défaits. Le 1er janvier 1804, l’indépendance d'Haïti est proclamée. C’est la seule république issue d’une révolution d’esclaves et d’affranchis.
L’Espagne de Bonaparte
En Europe, le Royaume-Uni inflige une lourde défaite aux flottes espagnoles et françaises lors de la bataille de Trafalgar. Le pays confirme sa domination sur les mers. Mais Napoléon qui domine l’Europe opte pour la guerre économique et lui impose un blocus continental. Le Royaume-Uni, en pleine révolution industrielle, doit absolument trouver de nouveaux marchés pour écouler ses marchandises. Profitant du déclin de l’Espagne, il se tourne vers l’Amérique, mais l’Espagne interdit officiellement le commerce avec ce dernier. Le Royaume-Uni tente alors deux incursions militaires dans la Vice-Royauté du Rio de la Plata mais est repoussé par les créoles, c’est-à-dire les descendants de colons espagnols nés en Amérique. En Espagne, le roi Charles IV et son fils Ferdinand VII se disputent le trône. Napoléon en profite pour placer son frère Joseph à la tête du pays. La nouvelle passe mal dans les colonies espagnoles où des juntes, c’est-à-dire des gouvernements locaux, favorables au roi Ferdinand VII s’organisent. Des conflits apparaissent alors un peu partout. En Nouvelle Espagne, le curé Miguel Hidalgo appelle le peuple à se soulever. Des mouvements indépendantistes apparaissent maintenant, soutenus secrètement par les Britanniques et motivés par des loges maçonniques révolutionnaires. En 1814, après l’abdication de Napoléon, Ferdinand VII récupère le trône d’Espagne puis envoie rapidement des renforts en Amérique pour reprendre le contrôle. Le Paraguay parvient à résister, ainsi que les Provinces-Unies du Rio de la Plata, qui proclament leur indépendance.
Indépendances
En janvier 1817, les indépendantistes San Martín et O'Higgins traversent les Andes depuis l’Est avec une armée et s’emparent de Santiago. O’Higgins est nommé Commandeur Suprême et proclame l’indépendance du Chili. Au nord, une autre armée indépendantiste menée par Simon Bolivar et renforcée par la Légion Britannique quitte Angostura, traverse les Andes et bat les Espagnols aux portes de Santa Fe de Bogotá. Bolivar proclame alors l’indépendance de la Grande Colombie dont il devient le président, bien qu’il ne contrôle pas encore tout le territoire. En réaction, Ferdinand VII lève une nouvelle armée mais celle-ci se révolte et refuse de quitter Cadix. Profitant de la situation, San Martín, débarque au Pérou, s’empare de Lima et proclame l’indépendance du pays, bien que l’Altiplano soit encore contrôlé par les royalistes. En Nouvelle-Espagne, après 11 années de guerre, les indépendantistes l’emportent et proclament l’Empire du Mexique. Au Sud, Quito est libérée à son tour par les armées indépendantistes. Bolivar et San Martín se rencontrent alors à Guayaquil. Nul ne sait ce qu’ils se disent, mais San Martin cède une partie de son armée à Bolivar puis se retire discrètement. Au Brésil, la famille royale portugaise et sa cour sont installées à Rio de Janeiro depuis l’invasion du Portugal par Napoléon. Malgré la libération du pays en 1811, la famille royale a décidé de rester au Brésil. Cependant au Portugal la situation politique difficile a contraint le roi Jean VI à rentrer précipitamment au pays. Mais le fils héritier Pierre, resté au Brésil, entre en conflit avec le gouvernement portugais et proclame l’indépendance du Brésil dont il devient l’Empereur.
L’échec de l’unité
En Amérique centrale, le Mexique peine à se consolider. Le sud fait sécession et les Provinces-Unies d'Amérique centrale sont proclamées. Sur tout le continent, l’instabilité est grande, ce qui inquiète les États-Unis. Le président James Monroe déclare alors aux Européens que les Etats-Unis n'accepteront plus de nouvelles tentatives de colonisation sur le continent américain. Au sud, les dernières poches royalistes sont vaincues par l’armée du Général Sucre. La Bolivie est créée, nommée ainsi en hommage à Simon Bolivar. Ce dernier rêve maintenant d’unir toutes les républiques américaines sous une grande autorité commune. Mais les divisions internes font échouer ce projet. Au sud du continent, une guerre éclate entre les Provinces Unies du Rio de la Plata et le Brésil pour le contrôle de la Province Cisplatine. Le Brésil impose un blocus commercial aux ports de Buenos Aires et de Montevideo, mais ses armées échouent à l’emporter sur terre. Incapables de se neutraliser et épuisés financièrement, les deux font appel à l’arbitrage du Royaume-Uni. Ce dernier, lors du traité de paix, obtient la création de l’Uruguay comme État tampon. Le Royaume-Uni, en devenant le garant de la stabilité dans la région, protège ainsi ses intérêts commerciaux.
Divisions
Fin 1829, le Venezuela fait sécession de la Grande Colombie. Bolivar, dont la santé se détériore, échoue à trouver une solution et démissionne. La Grande-Colombie éclate et immédiatement des conflits apparaissent sur la délimitation des nouvelles frontières. Au Mexique, après l’abolition de l’esclavage, des colons étatsuniens qui sont majoritaires au Texas se rebellent. Une guerre civile éclate et aboutit à la proclamation d’indépendance de la République du Texas, reconnue par les États-Unis. Dans les Provinces-Unies d'Amérique centrale aussi l’unité est mise à mal et les cinq États qui la composent prennent leur indépendance. Enfin, à Haïti, la République dominicaine qui est occupée depuis 1822 obtient elle aussi son indépendance.
L’Amérique du Nord
En 1845, les États-Unis qui veulent s’étendre vers l’ouest annexent le Texas. Mais un désaccord frontalier avec le Mexique provoque une guerre. Au même moment, les Britanniques et les États-Unis se mettent d’accord pour le partage de l’Oregon. En 1848, après la victoire des États-Unis, le Mexique est contraint de reconnaître l’annexion du Texas et de céder un immense territoire. En Californie, la découverte d’or provoque une ruée qui attire des personnes du monde entier, y compris venues d’Asie. Tout au nord du continent, l’Empire russe, par crainte de perdre l’Alaska face au rival britannique, choisit de vendre son territoire aux États-Unis. La même année, le Royaume-Uni autorise l’union de trois provinces au nord afin d’assurer leur protection face aux Etats-Unis qui semblent vouloir s’étendre. Elles forment ainsi le dominion du Canada qui obtient plus d’autonomie et qui intégrera au fil des ans les colonies britanniques voisines.
Guerres de frontières
Suite à des litiges frontaliers, le Paraguay affronte depuis deux ans déjà la Triple Alliance composée du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay. Mais en 1870, le Paraguay est occupé puis amputé d’une grande partie de son territoire, laissant un pays profondément dévasté. Plus à l’Ouest, la tension monte aussi entre le Chili et la Bolivie autour d’un territoire riche en gisements. Quand la Bolivie augmente les impôts aux entreprises chiliennes présentes dans la région, le Chili décide d’occuper le port d’Antofagasta pour contrôler les exportations. La guerre éclate, entraînant le Pérou qui est allié à la Bolivie. Le Chili l’emporte rapidement et étend son territoire vers le nord, coupant l’accès à l’océan à la Bolivie. Au même moment, tout au sud, les Mapuches qui avaient résisté aux invasions Incas et Espagnols, sont désormais envahis par l’Argentine et le Chili qui veulent avoir un accès aux deux océans. Les populations locales sont violemment matées.
Les États-Unis
A Cuba, de nouvelles révoltes indépendantistes provoquent une guerre contre l’Espagne. Les États-Unis, qui entament maintenant une politique internationale, y voient une opportunité pour étendre leur influence. Ils interviennent militairement contre l’Espagne et l’emportent. L’indépendance de Cuba est confirmée et les dernières colonies espagnoles en Amérique et dans le Pacifique passent sous contrôle états-unien. En Colombie, une compagnie française a entamé la construction d’un canal qui reliera les deux océans. Ce qui intéresse les États-Unis car cela raccourcirait considérablement la route maritime entre ses deux côtes. Le pays rachète le projet, mais le Congrès colombien s’y oppose. Agacés, les États-Unis envoient des vaisseaux de guerre, alors que des séparatistes proclament l’indépendance du Panama. En quelques jours, les États-Unis reconnaissent le nouveau pays. En échange ils obtiennent à perpétuité une bande de terre pour la construction et l'exploitation du canal de Panama. Mais rapidement les Panaméens contestent ce traité.
Le Canada
Lors de la Première Guerre mondiale, les colonies européennes sont largement impliquées. C’est le cas notamment du Canada qui fournit un effort de guerre important pour le Royaume Uni. A la fin de la guerre, celui-ci demande une plus grande autonomie. En 1926, l’égalité avec le Royaume-Uni est proclamée, avant que ne soit reconnue sa souveraineté en 1931, bien que le pays reste lié à la couronne britannique en devenant un membre du Commonwealth. Au sud du continent, les conflits persistent sur la délimitation des frontières. En 1932, la Bolivie et le Paraguay entrent en guerre pour le contrôle du Chaco, une région où du pétrole vient d’être découvert et qui offre un accès à l’océan Atlantique via le fleuve Paraguay. Le Paraguay l'emporte et s’approprie 75% du territoire. Le Pérou et l’Equateur aussi se disputent leur frontière. Une nouvelle guerre éclate en 1941 et tourne à l’avantage du Pérou qui s’empare d’une grande partie du territoire situé en Amazonie.
Indépendances britanniques
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Royaume Uni et la France sont affaiblis alors que des premières colonies revendiquent leur indépendance. En 1946, plusieurs colonies françaises d’Amérique deviennent des départements français. Le Royaume-Uni de son côté accorde finalement l’indépendance aux colonies qui le demandent, à condition que le gouvernement ne soit pas communiste, car le monde est maintenant en pleine guerre froide. Les nouveaux Etats peuvent adhérer au Commonwealth. En 1962, la Jamaïque et la République de Trinité-et-Tobago sont les premières à proclamer leur indépendance. La plupart des colonies britanniques, ainsi que le Suriname, deviennent à leur tour indépendants. Certaines îles restent cependant sous contrôle britannique. C’est le cas des îles Falklands, appelées les Malouines en Argentine qui sont une porte vers le continent Antarctique. Les îles sont revendiquées par l’Argentine qui en 1982 tente une invasion militaire. La guerre éclate, le Royaume-Uni repousse l’offensive et l’emporte.
Situation actuelle
A ce jour, la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas contrôlent encore quelques territoires américains, principalement dans les Caraïbes. Selon les Nations Unies, certains territoires britanniques et étasuniens sont encore “non-autonomes”. A Porto Rico, les habitants ont la nationalité étasunienne, mais ils n’ont pas le droit de vote aux élections présidentielles. Le Panama quant à lui a récupéré la totalité de la souveraineté sur son canal le 31 décembre 1999. Sur l’ensemble du continent, des litiges persistent sur la délimitation exacte des frontières terrestres. Alors que certaines communautés indigènes revendiquent encore aujourd’hui la défense de leurs droits. Si le sujet est encore très sensible pour les pays européens, l’Eglise catholique a présenté à plusieurs reprises depuis 1992 ses excuses officielles pour les abus perpétrés lors de l’évangélisation et de la colonisation de l’Amérique. Aujourd’hui, après les nombreuses vagues d’immigration, l’Amérique est probablement le continent avec la plus grande diversité ethnique.