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L'esclavage

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L'esclavage

Origines (-10 000 > -600)

On commence vers 10 000 avant JC. Un peu partout dans le monde, l’homme quitte le mode de vie de chasseur-cueilleur pour devenir sédentaire et développer l’agriculture et l’élevage. La nourriture devient plus abondante, la population s'accroît et ceux qui s’en sortent le mieux, notamment en s’emparant de plus de terres, forment une élite, et les inégalités sociales se creusent. En Mésopotamie, l’apparition de l’écriture nous offre les premières preuves concrètes d’esclavage. Les esclaves sont soit des prisonniers de guerre, qui dans certains cas peuvent être rachetés par leur famille, soit ils sont des personnes endettées qui s’asservissent le temps de rembourser leurs dettes. Les familles riches et puissantes possèdent quelques esclaves, alors que les palais peuvent en regrouper des centaines. Les hommes sont utilisés pour leur force de travail dans la production agricole ou dans la construction, alors que les femmes se retrouvent souvent domestiques ou concubines, ou travaillent dans des ateliers notamment de tissage. Vers 1750 avant Jésus-Christ, Hammurabi, le roi djabylone rédige un code de loi qui détaille entre autres le traitement réservé aux esclaves et les peines encourues par ces derniers. L’esclavage est aussi mentionné sous différentes formes dans l’Egypte antique, ainsi que dans les textes de l’ancien testament qui décrivent les traitements réservés aux esclaves. Mais actuellement, il n’y a aucune preuve archéologique de l’esclavage des hébreux en Egypte ni de leur exode.

L’esclave marchandise dans la Grèce antique et l’Empire romain (-593 > 110)

Dans la Grèce antique, l’île de Chios est spécialisée dans la production de vin qui nécessite une main d'œuvre importante. Des navires commerçants partent alors acheter des esclaves non grecs qui sont issus de rapts en Thrace, en Scythie et en Asie mineure. A Chios, une partie d’entre eux finissent dans les vignes, les autres sont revendus principalement dans la mer Égée, et la cité se spécialise dans ce marché très fructueux. D’autres cités grecques suivent le pas, et la population d’esclaves gonfle un peu partout, si bien que vers -400, environ la moitié de la population d’Athènes est esclave. Par la suite, Rome suit ce modèle. Les esclaves proviennent des conquêtes militaires et des razzias organisées par des marchands dans les régions frontalières où vivent les peuples dit barbares. Ceux-ci sont ensuite vendus dans des marchés aux esclaves. Si la valeur d’un esclave varie en fonction de son sexe et de son âge, vers le premier siècle après JC, un esclave vaut environ 1 an et demi de salaire. En posséder est un signe de richesse et de réussite. Les plus riches en ont parfois des milliers qui sont réunis dans d’immenses domaines. La condition des esclaves varie d’un endroit à l’autre. Certains travaillent dans des mines, d’autres sont domestiques, et enfin les mieux formés peuvent occuper des postes plus importants comme comptable.

Les conquêtes musulmanes (622 > 863)

Le 7eme siècle marque le début des conquêtes musulmanes. Les prisonniers issus des conquêtes sont asservis et gonflent les rangs des armées arabes. Après la conquête de l’Egypte, les musulmans évoluent d’une part vers les Byzantins et les Berbères à l’Ouest et d’une autre vers la Nubie au Sud. En 652, après l’échec du siège de Dongola, un traité de paix est signé avec les Nubiens. Les deux parties entament des échanges commerciaux, les nubiens s’engagent entre autres à fournir chaque année 360 esclaves en bonne santé, hommes et femmes. Ce traité durera presque 7 siècles. Plus à l’ouest, après 60 années de résistance, les côtes d’Afrique du Nord sont conquises. De nombreux berbères sont alors capturés pour devenir esclaves. En réaction, beaucoup se convertissent à l’Islam car il est interdit d’asservir un musulman. Au nord de l’Europe, les Vikings dominent les mers. Lors des raids et pillages, les captifs sont faits esclaves et sont soit gardés par leurs ravisseurs, soit revendus sur des marchés. Les mieux éduqués qui proviennent des monastères sont revendus plus chers à Venise ou à Constantinople. A l’Est, des vikings qui sont appelés les varègues contrôlent une route commerciale qui suit la Volga jusqu'à Constantinople. Ils y vendent entre autres des esclaves slaves capturés en chemin. Dans l’empire Abbasside, la majorité des esclaves qui proviennent des conquêtes et des routes commerciales, finissent à Bagdad.

Le Califat Abbasside (863 > 1269)

Plus au sud, vers Bassora se trouvent d’immenses marécages. Des milliers d’esclaves y sont envoyés pour travailler les terres afin de les rendre cultivables, le travail est éreintant et les conditions de vie sont difficiles. En 869, Ali Ibn Muhammad, d’origine incertaine, profite du mécontentement des esclaves pour organiser une insurrection. Les esclaves gonflent rapidement son armée et organisent une véritable guérilla contre les grands propriétaires et contre les villes et villages alentour qui sont pillés. Pendant 14 ans, le califat abbasside est mis à mal et est incapable de reprendre le contrôle de la région. Finalement la révolte est vaincue et matée. Après l’échec de l’esclavage de masse dans la production agricole, l’esclavage domestique est privilégié. Par ailleurs, le Calife, pour renforcer son pouvoir, crée une garde personnelle. De jeunes esclaves issus d'Asie centrale et du Caucase sont convertis à l’Islam et sont formés au combat pour constituer une armée fidèle qui est appelée l’armée mamelouk. Mais le Califat Abbasside décline à cause des divisions internes, des croisades chrétiennes provenant d’Europe et enfin des conquêtes mongoles provenant d’Asie. L’armée mamelouk, après avoir repoussé la septième croisade, fait assassiner l’héritier ayyoubide et fonde le Sultanat mamelouk. Quelques années plus tard, en 1258, les Mongols s’emparent de Bagdad. L’héritier abbasside fuit au Caire. N’ayant plus accès à l’Asie, désormais les esclaves proviennent principalement d’Afrique sub-saharienne.

La traite orientale (1269 > 1420)

Après la conquête du nord de l’Afrique, les arabes ont découvert les routes commerciales berbères qui traversent le désert du Sahara pour commercer notamment avec l’empire du Mali qui regorge d’or et d’esclaves. La plupart sont des captifs issus des peuples animistes plus au sud. Les esclaves sont vendus à des caravanes Touaregs qui mettent plusieurs mois à traverser le désert pour atteindre le Caire. Là, les survivants sont vendus dans des marchés pour devenir domestiques. La majorité des esclaves sont des femmes qui deviennent servantes ou concubines. Posséder un esclave fait monter le prestige d’une famille, par conséquent la demande augmente et la traite des esclaves prend de l’ampleur. Selon les estimations, en 1000 ans, entre 3,5 et 7 millions d’esclaves sont passés par les routes de la traite orientale. Au nord du bassin méditerranée, l’Empire ottoman crée une armée de janissaires, c’est-à-dire de jeunes esclaves chrétiens d’Europe, qui sont convertis à l’Islam puis formés à la guerre pour servir le sultan. Enfin, les républiques italiennes contrôlent les principales routes commerciales du bassin méditérannéen. Gênes et Venise se disputent le fructueux commerce des esclaves, notamment en établissant des comptoirs en Crimée, d’où proviennent des captifs Slaves et Caucasiens.

Le Portugal (1420 > 1620)

Tout à l'ouest de l’Europe, le Portugal profite de la création de nouveaux navires plus maniables pour entamer des explorations le long des côtes africaines à la recherche de nouvelles routes commerciales. Après avoir découvert le peuple Akan qui possède de nombreuses mines d’or, les navigateurs portugais découvrent une île inhabitée qu’ils baptisent Sao Tomé. En 1483, ils atteignent le royaume Kongo avec qui ils entament des relations diplomatiques et commerciales. Le Portugal fournit des marchandises européennes, telles que de la vaisselle ou des armes à feu qui sont échangées contre des esclaves. Ceux-ci sont soit emmenés dans la péninsule ibérique, soit ils sont échangés contre de l’or à Elmina pour finir dans les mines, ou encore, ils sont vendus aux colons portugais de Sao Tomé où le climat permet la culture de la canne à sucre. Le sucre étant alors un produit rare et cher, très prisé en Europe. Les esclaves, l’or, le sucre et les épices provenant d’Asie, enrichissent très rapidement le Portugal et en moins d’un siècle, Lisbonne devient la ville la plus riche d’Europe. Plus à l’est, l’Empire ottoman qui s’est emparé de Constantinople domine désormais les routes commerciales. Dans la Mer Noire, les Tatars de Crimée lui fournissent des esclaves Slaves issus de rapts. Tout autour du bassin Méditerannéen, les catholiques et les musulmans s’affrontent via des razzias. Les musulmans capturés qui sont appelés les Turcs finissent comme rameurs sur les galères catholiques, alors que des pirates d’Afrique du Nord organisent des raids jusque dans l’Océan Atlantique pour s’emparer de chrétiens qui finissent dans les marchés d’esclaves. En 1595 à Sao Tomé, les esclaves qui sont désormais largement majoritaires se révoltent. Le Portugal reprend le contrôle, mais le pays porte désormais plus d’intérêt pour les terres qu’il contrôle en Amérique, où 300 000 esclaves ont déjà été envoyés pour travailler dans la culture de la canne à sucre.

Le commerce triangulaire (1620 > 1685)

Les pays d’Europe occidentale qui ont un accès à l’océan Atlantique vont progressivement suivre le modèle portugais et mettre en place un commerce d’esclaves mondialisé qui se joue principalement sur trois continents. Les Pays-Bas dans un premier temps, puis l’Angleterre et enfin la France, créent des compagnies pour s’emparer de ce nouveau commerce. Leurs navires sont chargés de produits artisanaux européens, tels que des textiles, des métaux et des armes. Ceux-ci partent vers les côtes africaines pour échanger leurs marchandises contre des esclaves. Ces derniers sont soit des prisonniers de guerre, soit sont issus de rapts. Les esclaves sont entassés par centaines dans les cales des navires dans des conditions épouvantables, pendant plusieurs mois, le temps d’atteindre l’Amérique. La majorité finit au Brésil et dans les Caraïbes où le climat est idéal pour la culture de la canne à sucre, mais aussi du café, du coton ou du tabac. Les grands propriétaires terriens européens, appelés les planteurs, échangent les esclaves contre des métaux précieux et des produits locaux. Les navires rentrent ensuite en Europe pour revendre les produits américains sur les marchés européens. Les compagnies font de gros bénéfices et organisent de plus en plus d’expéditions. L’Europe occidentale s’enrichit rapidement au dépend de la force de travail d’Afrique et des terres cultivables d’Amérique. Les états européens, pour assurer leurs bénéfices, promulguent de nouvelles lois destinées à contrôler ce marché.

Conséquences du commerce triangulaire (1685 > 1781)

En Europe, le raffinage du sucre et la demande importante en produits artisanaux créent énormément d’emplois, alors que l’abondance soudaine du sucre et du café sur les marchés font chuter les prix, ce qui rend ces produits accessibles à une plus grande partie de la population. En Afrique, la demande en esclaves devient si importante que leur valeur explose, ce qui provoque des guerres pour le contrôle de ce commerce. Des rapts sont organisés de plus en plus loin dans les terres, emportant parfois des villages entiers qui passent de mains en mains pour finir sur les navires européens. Enfin en Amérique, la population noire gonfle rapidement au Brésil et dans les Caraïbes. Ceux qui réussissent à fuir sont appelés les Marrons. Ceux-ci forment des communautés dans des zones reculées et difficiles d’accès. Pour les puissances européennes, la concurrence monte pour le contrôle des terres cultivables, ce qui provoque des guerres. Au terme de la guerre de 7 ans, la France cède à la Grande-Bretagne ses colonies nord-américaines, mais conserve à tout prix la plupart de ses îles sucrières.

Premiers mouvements abolitionnistes (1781 > 1788)

En 1781, le navire britannique Zong, tout récemment volé aux hollandais, quitte les côtes d’Afrique avec 442 esclaves à son bord, soit deux fois trop par rapport à sa capacité. Après deux mois de navigation, le navire atteint sa destination, l'île de Jamaïque. Mais l’équipage confond l’île avec Saint-Domingue et continue sa route plus vers l’Ouest. 500 km plus loin, le capitaine comprend son erreur, mais il est trop tard car il faudra plus de 10 jours pour remonter les courants marins et le navire qui n’a fait aucune escale pour se ravitailler, n’a plus assez d’eau potable pour tenir aussi longtemps. L’équipage décide alors de jeter par-dessus bord 132 esclaves, y compris des femmes et enfants. Seuls 208 esclaves arrivent en Jamaïque. La compagnie qui a organisé l’expédition se tourne alors vers sa compagnie d’assurance pour obtenir un dédommagement, mais cette dernière refuse et un procès commence à Londres. L’affaire est suivie et a un impact sur une partie de l’opinion publique, ce qui renforce les mouvements abolitionnistes. La Société pour l’abolition de la traite négrière est fondée, et malgré son influence encore faible, elle obtient une première loi qui limite le nombre d'esclaves par navire. En France aussi les premiers mouvements abolitionnistes apparaissent, notamment avec la fondation de la Société des Amis des Noirs. Mais leur impact est encore faible face aux puissants lobbys esclavagistes.

Saint-Domingue (1788 > 1804)

Jusqu’ici, environ 7 700 000 esclaves africains ont été déportés en Amérique. La Grande Bretagne et la France dominent ce marché. Dans les Caraïbes, la colonie française de Saint-Domingue où un demi-million d’esclaves travaillent, est désormais la première exportatrice de sucre et de café au monde, ce qui en fait la plus prospère. En 1789, à lieu la révolution française. Dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, il est notamment écrit que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. A Saint-Domingue, ces mots résonnent auprès des esclaves et affranchis qui se révoltent. Un commissaire civil français est envoyé sur place pour rétablir l’ordre. Il proclame l’émancipation des esclaves, obtenant leur soutien militaire en pleine guerre contre la Grande Bretagne et l’Espagne. L’année suivante à Paris, l’esclavage est aboli dans toutes les colonies françaises. Mais en 1802, Napoléon qui s’est emparé du pouvoir rétablit l’esclavage et tente de reprendre le contrôle de Saint-Domingue en y envoyant une armée, mais cette dernière est vaincue. Le 1er Janvier 1804 la République d’Haïti proclame son indépendance. C’est la seule république issue d’une révolte d'esclaves et d’affranchis. Le nouveau pays devra cependant payer un lourd tribut à la France, ce qui va l’affaiblir économiquement.

Abolitions (1807 > 1888)

Après avoir déporté environ 2 750 000 esclaves, en 1807, le Royaume-Uni abolit la traite des êtres humains, mais pas encore l’esclavage qui reste d’application dans ses colonies. Le pays use désormais de son influence pour mettre un terme mondial au trafic des esclaves. En 1815, après la chute de Napoléon, les puissances européennes se retrouvent à Vienne. Le Royaume-Uni y obtient l’engagement de chacunes d’abolir la traite des esclaves. Mais dans les faits, il faudra encore plusieurs dizaines d’années avant que celle-ci ne soit réellement interrompue. Le Brésil résiste et continue d’importer massivement des esclaves pour sa culture du café. Les navires brésiliens partent directement chercher les esclaves en Afrique sans passer par l’Europe. En 1833, le Royaume-Uni abolit complètement l’esclavage. Désormais, le pays mise sur la révolution industrielle. L’invention de la machine à vapeur permet d’augmenter la production dans les usines. L’industrie du textile explose, ce qui fait monter la demande en coton. Aux États-Unis, les esclaves vivant près des côtes sont déplacés tout le long du fleuve Mississippi pour travailler dans la production de coton. Par ailleurs, une société états-unienne, après avoir acheté des terres en Afrique, crée le Libéria pour organiser le retour des noirs affranchis. En 1847, le Libéria obtient son indépendance et se retrouve gouverné par les nouveaux venus, au détriment des populations autochtones. En 1848, la France abolit l’esclavage à son tour. Environ 250 000 esclaves sont libérés. Pour éviter que les planteurs ne fassent sécession, l'État compense leurs pertes en les indemnisant et en facilitant l’importation d’une main d'œuvre bon marché provenant principalement d’Inde ou de Chine. Enfin, aux États-Unis, après la Guerre de sécession et la victoire des armées nordistes, l’esclavage est ici aussi aboli. Mais dans tous les anciens territoires esclavagistes, la situation reste compliquée pour les affranchis. Ceux-ci se retrouvent souvent cloîtrés dans des ghettos, contrôlés et dans de nombreux cas, ils continuent d’être exploités sans droits ni revenus. Zanzibar est alors le dernier grand port de traite. Des caravanes Swahilis partent faire des razzias dans la région des grands lacs. Les captifs sont ensuite envoyés principalement dans les plantations d’Oman. En 1873, le Royaume-Uni y obtient la fin de la traite. Et en 1888, le Brésil est le dernier pays d’Amérique à abolir l’esclavage.

Nouvelles formes d’esclavage (1885 > 1945)

En 1885, les puissances européennes se réunissent à Berlin pour se partager l’Afrique et réglementer la colonisation, chacunes s’engageant à y abolir l’esclavage. Le roi des belges Léopold II y obtient comme possession personnelle un immense territoire au cœur du continent. Pour asseoir son pouvoir, il reçoit les services d’un ancien puissant commerçant d’esclaves de Zanzibar qu’il nomme gouverneur du district de Stanley falls. La population est soumise à un impôt en nature, ce qui est une forme de travail forcé. Celle-ci doit surtout produire du caoutchouc qui est alors très demandé avec l’invention de la bicyclette et de l’automobile. L’immense territoire est partagé avec des sociétés privées. La population se retrouve sous pression pour produire toujours plus et ceux qui n’atteignent pas les quotas sont massacrés ou mutilés. En 1908, sous la pression internationale, Léopold II cède le Congo à l'État belge qui met directement un terme à ces méthodes. En Chine, l’esclavage est toujours légal et est facilité par les nombreuses crises que travèrse le pays. Mais sous pression occidentale, le pays abolit finalement l’esclavage en 1910. En 1930 en URSS, l’administration Goulag est créée pour gérer les camps de travail forcé. Les opposants politiques, les minorités et les riches paysans y sont enfermés et doivent travailler dans des zones reculées et hostiles pour construire des chemins de fer, des canaux ou exploiter des ressources tels que du charbon ou des minerais. En 10 ans, environ 7 millions d’hommes y sont enfermés. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les nazis construisent des camps de travail forcé appelés les camps de concentration, qui sont destinés à faire travailler parfois jusqu’à la mort les juifs et les prisonniers politiques. L’Empire du Japon organise lui aussi le travail forcé de millions de prisonniers, principalement des chinois dans le Mandchoukouo ou des Indonésiens sur l’île de Java.

L’esclavage moderne (1945 > 2022)

Après la Seconde Guerre mondiale, les pays du Golfe abolissent un à un l’esclavage. Mais ils conservent une loi qui permet aux employeurs de confisquer les passeports des travailleurs migrants, afin de les contrôler et de les empêcher de partir. En 1981, la Mauritanie est le dernier pays du Sahel à abolir l’esclavage qui est encore bien ancré dans la culture. Certains groupes ethniques étant esclaves de générations en générations, l’esclavage continue dans des zones reculées du Sahel. En 1992, le Pakistan est le dernier pays à abolir l’esclavage, libérant des milliers de paysans qui travaillaient pour le compte de puissants propriétaires terriens. En Corée du Nord, les prisonniers issus de la guerre de Corée et les prisonniers politiques, hommes, femmes et enfants sont exploités dans des camps de travail forcé. Par ailleurs, le pays exporte sa main-d'œuvre servile à travers le monde, principalement dans des camps de travail en Russie et en Chine, ce qui lui rapporte gros. Mais en 2017, le pays teste avec succès un missile balistique intercontinental, menaçant directement les États-Unis. En représailles, l’ONU impose de nouvelles sanctions, y compris le retour au pays des travailleurs nord-coréens. En octobre 2018, la Chine reconnaît l’existence de camps de rééducation au Xinjiang où une partie de la population ouïghoure musulmane est enfermée dans des camps dont certains sont accusés d’organiser du travail forcé dans des usines ou dans des champs de coton. En 2021, selon les dernières estimations de l’organisation internationale du Travail, il y a environ 50 millions d’esclaves dans le monde, soit plus qu’il n’y en a jamais eu dans l’histoire. 21,3 millions sont victimes de travail forcé dont 3,3 millions sont des enfants. Alors que 22 millions de personnes, essentiellement des femmes sont victimes de mariage forcé, ce qui est considéré comme une forme d’esclavage sexuel et domestique. Enfin, 6,3 millions de personnes, à nouveau principalement des femmes, sont victimes d’exploitation sexuelle commerciale. Au total, les femmes représentent environ 70% des esclaves dans le monde.