L’OTAN

Contexte

On commence à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Parmi les vainqueurs, l’URSS et les États-Unis sont désormais les deux superpuissances mondiales. L’Europe est dévastée, l’Est du Vieux continent se retrouve sous l’influence de l’Union soviétique. En février 1948, la Tchécoslovaquie qui est une démocratie parlementaire subit un coup d’État orchestré par le parti communiste et soutenu par le camp soviétique. En Europe occidentale, cet événement fait craindre une expansion de l’influence soviétique toujours plus vers l’Ouest. La France, le Royaume-Uni et les États-Unis s’accordent alors pour réunir leurs zones d’occupation en Allemagne afin de créer un état allemand démocratique qui fasse barrage à l’influence soviétique. Par ailleurs, le Benelux, la France et le Royaume-Uni signent une alliance défensive afin de se protéger d’une part contre un éventuel retour en puissance allemand et d’une autre contre une intervention militaire de l’URSS qui possède la plus grande armée au monde. Les États-Unis de leur côté offrent des crédits en Europe via le Plan Marshall pour accélérer la reconstruction et endiguer l’expansion du communisme. La tension monte et le continent se retrouve divisé par ce qui est appelé le rideau de fer, c’est le début de la Guerre froide. L’URSS qui s’oppose à la création de l’Allemagne de l’Ouest, organise le blocus de Berlin-Ouest qui est sous contrôle occidental. La tension monte encore d’un cran, cette fois, le Royaume-Uni entame secrètement des négociations avec les États-Unis et le Canada afin de mettre en place une alliance défensive commune.

Le Traité de l’Atlantique Nord (4 Avril 1949 > 29 août 1949)

Le 4 Avril 1949 à Washington, douze pays signent le traité de l’Atlantique Nord aussi appelé le traité de Washington, une alliance politique et militaire dont le point central est l’article 5 qui assure la défense collective de chacun des pays membres. “Une attaque armée contre l’une ou plusieurs des parties survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties.” Les territoires des pays signataires situés au nord du Tropique du Cancer sont concernés, y compris les départements de l’Algérie française et Chypre et Malte qui sont des colonies britanniques. L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, ou l’OTAN est ainsi créée. L’Europe de l’Ouest est désormais officiellement sous la protection des États-Unis qui sont alors les seuls à posséder l’arme atomique. Mais quelques mois plus tard, le 29 août 1949, l’Union soviétique devient elle aussi une puissance nucléaire.

La Guerre froide (29 août 1949 > 1951)

En Asie, les États-Unis et l’URSS échouent à trouver un accord sur le statut de la Corée qui se retrouve divisée. Le 25 Juin 1950, l’armée nord-coréenne, soutenue par l’URSS envahit la Corée du Sud. En réaction, une force internationale de l’ONU, sous le commandement des États-Unis contre-attaque. Largement impliqués sur ce front, les États-Unis craignent que l’URSS en profite pour lancer une attaque similaire contre l’Allemagne de l’Ouest qui ne fait pas partie de l’OTAN et qui ne peut se réarmer depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis veulent alors autoriser le plus rapidement possible le réarmement du pays. Mais la France, la Belgique et le Luxembourg qui ont été envahis par l’Allemagne lors des deux Guerres mondiales s’y opposent. La France voudrait plutôt créer une armée européenne de défense qui engloberait les forces allemandes et qui serait intégrée à l’OTAN. Par ailleurs, les membres de l’alliance s’accordent pour mettre en place une structure commune afin de mieux coordonner les actions militaires. Ils établissent un Quartier Général à Rocquencourt aux portes de Paris. Chaque pays membre fournit à ses frais des forces militaires qui se retrouvent sous son commandement. Le futur président des États-Unis Eisenhower en est le premier commandant suprême.

Nouveaux membres et indépendances (1951 > 1964)

En 1952, la Grèce qui ressort d’une guerre civile et la Turquie qui se tourne vers le camp occidental, intègrent l’OTAN. La même année, l’alliance continue de se structurer en créant le poste de Secrétaire Général qui devient le plus haut représentant de l’alliance. Alors que le siège de l’OTAN qui était basé à Londres depuis 3 ans est déménagé à Paris. En France, le parlement rejette le projet de Communauté européenne de défense. Après des négociations, la France autorise le réarmement de l’Allemagne de l’Ouest et son intégration au sein de l’OTAN qui est officialisée le 06 Mai 1955. Quelques jours plus tard, le bloc soviétique répond en créant le Pacte de Varsovie, une alliance militaire entre les pays d’Europe de l’Est. Les armées des deux alliances se font principalement face de part et d’autre de la frontière qui divise l’Allemagne. Les États-Unis qui ont environ 400 000 soldats présents sur le sol européen misent désormais sur l’arme atomique et installent des bombes nucléaires en Europe. En quelques années, Chypre, l’Algérie et puis Malte gagnent leur indépendance. Mais aucun des trois nouveaux pays ne fait la demande pour intégrer l’OTAN.

Déstabilisation (1964 > 1982)

En France, le président Charles de Gaulle s’oppose à la prépondérance étatsunienne au sein de l’OTAN. Il décide alors de quitter le commandement intégré tout en restant membre de l’alliance. Les troupes françaises ne participent donc plus aux actions militaires de l’OTAN. Les 30 000 soldats des États-Unis présents sur le territoire français doivent partir et le Siège de l’OTAN et le Commandement militaire sont déplacés en Belgique. En 1974, après une tentative de coup d’État à Chypre, la Turquie envahit militairement le nord de l’île. La Grèce, mécontente, quitte elle aussi le commandement intégré de l’OTAN. Dans les années qui suivent, l’URSS développe et installe de nouveaux missiles nucléaires plus performants qui menacent plus précisément l’Europe de l’Ouest et relance les tensions. En réaction, l’OTAN décide d’une part d’installer elle aussi de nouveaux missiles dans 5 pays membres et d’une autre de tenter d’entamer une politique de détente avec l’URSS. En 1980, la Grèce réintègre le commandement intégré et en 1982, l’Espagne est admise dans l’OTAN après la mort de Franco.

La fin de la Guerre froide (1982 > 1991)

En URSS, la situation économique est catastrophique. Les productions industrielles et agricoles stagnent alors que le pays s’embourbe dans une guerre coûteuse en Afghanistan. Après l’incident nucléaire de Tchernobyl, l’URSS est fragilisée et perd le contrôle en Europe de l’Est où les gouvernements pro-soviétiques tombent un à un. En 1989, le mur de Berlin est détruit. Mikhaïl Gorbatchev qui est à la tête de l’URSS entame alors des rencontres avec les occidentaux pour organiser la réunification allemande. Gorbatchev veut que l’Allemagne soit neutre alors que les occidentaux veulent qu’elle soit membre de l’OTAN. Commencent alors de longues négociations au cours desquelles les occidentaux promettent oralement de ne pas étendre l’OTAN d’un pouce vers l’Est dans une Allemagne réunifiée. Le Pacte de Varsovie étant toujours en place, il n’est alors pas envisageable d’étendre l’alliance plus loin vers l’Est. Mais aucun accord ni traité n’est signé en ce sens. Finalement, Gorbatchev accepte que l’Allemagne réunifiée soit membre de l’OTAN. Quelques mois plus tard, le Pacte de Varsovie, puis l’URSS sont dissous, ce qui marque la fin de la Guerre froide. L’OTAN a accompli sa mission en préservant la paix au sein de ses membres pendant plus de 40 ans, sans jamais avoir dû engager de combat.

Réorganisation & Yougoslavie (1991 > 1999)

Malgré la fin de la Guerre froide, les membres de l’OTAN décident de conserver l’alliance et de l’adapter au nouvel environnement mondial. Désormais, en plus de sa mission défensive, l’OTAN pourra intervenir au-delà de ses frontières pour soutenir des missions humanitaires et pour assurer la stabilité en Europe. Dans les Balkans, la Yougoslavie est fragilisée par des mouvements indépendantistes. Après la Slovénie, la Croatie et la Macédoine, la Bosnie-Herzégovine proclame à son tour son indépendance. Mais le nouveau pays est peuplé par une importante minorité serbe qui proclame sa propre indépendance et qui entame le siège de Sarajevo. L’ONU demande alors à l’OTAN de patrouiller en mer Adriatique pour faire respecter un embargo sur les armes contre la Yougoslavie qui soutient la minorité serbe de Bosnie. L’ONU vote ensuite une résolution afin de créer une zone d’exclusion aérienne dans le ciel de Bosnie-Herzégovine. L’aviation de l’OTAN est chargée de patrouiller pour faire respecter cette résolution. Le 28 février 1994, 6 avions serbes sont repérés dans la zone d’exclusion en train de bombarder une usine militaire. 45 ans après sa création, l’OTAN engage son premier combat et abat 4 avions. Les mois qui suivent, l’OTAN entame des campagnes de bombardements contre les forces Serbes de Bosnie, qui s’intensifient jusqu’à la signature d’un traité de paix, le 14 Décembre 1995. Une force internationale, sous le commandement de l'OTAN, est ensuite maintenue sur place pour assurer le maintien de la paix.

La Guerre du Kosovo (1999)

Après des années de rencontres et de pourparlers, le 12 Mars 1999, la Pologne, la République tchèque et la Hongrie intègrent l’OTAN. En Yougoslavie, le Kosovo qui est majoritairement peuplé par des albanais a lui aussi des revendications indépendantistes. Un groupe armé local attaque les forces yougoslaves et une guerre civile éclate. A nouveau la communauté internationale veut intervenir, mais cette fois la Russie annonce qu’elle mettra son véto à l’ONU contre une intervention militaire. Après l’échec de négociations avec la Yougoslavie, l’OTAN prend l’initiative d’intervenir militairement pour la première fois sans un mandat de l’ONU, estimant que son rôle est d’éviter une catastrophe humanitaire. Pendant 78 jours, l’OTAN bombarde massivement la Yougoslavie, y compris la capitale Belgrade. Finalement, un accord est trouvé et l'armée Yougoslave quitte le Kosovo. L’OTAN déploie ensuite sur place une force internationale appelée la KFOR afin de garantir la sécurité. La Russie qui se sent trahie et mise à l’écart par l’occident, envoie elle-aussi des soldats sur place pour assurer la même mission.

La guerre contre le terrorisme (1999 > 2004)

Le 11 septembre 2001, les États-Unis sont victimes d'attentats terroristes sur leur territoire. Pour la toute première fois, l’OTAN active l’article 5 et s’engage dans la lutte contre le terrorisme. Des avions militaires sont envoyés aux États-Unis pour patrouiller dans le ciel et une force navale est déployée en mer Méditerranée pour lutter contre les activités terroristes. Les États-Unis de leur côté forment une alliance militaire et entrent en guerre contre l’Afghanistan qui est dirigé par les talibans et où se trouve Oussama Ben Laden. Après avoir pris le contrôle de la capitale Kaboul, une force internationale est déployée sur place afin d’assister le nouveau gouvernement pour maintenir la sécurité et prendre le contrôle de tout le pays. Deux ans plus tard, les États-Unis lancent une autre offensive, cette fois contre l’Irak de Saddam Hussein. En 2 mois, Bagdad tombe. L’OTAN est ensuite appelée, d’une part en Afghanistan pour prendre le commandement de la force internationale et d’une autre en Irak pour former et encadrer les nouvelles troupes du pays. En 2004, les pays baltes, la Slovaquie, la Slovénie, la Roumanie et la Bulgarie se joignent à l’OTAN.

Interventions à travers le monde (2004 > 2008)

En 2005, l'Union Africaine qui intervient au Darfour où la guerre fait rage, demande un soutien à l’OTAN et obtient une aide logistique et de transport aérien. La même année, l’OTAN envoie une aide humanitaire aux États-Unis après le passage de l’ouragan Katrina et au nord du Pakistan après un tremblement de terre dévastateur qui a fait 4 millions de sans-abris. En 2008 en Géorgie, lors d’un référendum, 77% de la population annonce être en faveur d’une adhésion à l’OTAN. Quelques mois plus tard, lors du Sommet de Bucarest, les membres de l’OTAN annoncent qu’ils soutiennent les candidatures de l’Ukraine et de la Géorgie pour leur adhésion à l’OTAN. Cette fois, la tension remonte avec la Russie qui se veut l’héritière de l’URSS et qui se sent de plus en plus menacée par l’OTAN qui se rapproche de ses frontières. En 2009, la Croatie et l’Albanie rejoignent l’OTAN, alors que la France réintègre pleinement les structures militaires de l’Alliance. La même année, l’OTAN déploie une flotte militaire internationale au large de la Corne de l’Afrique afin de lutter contre la piraterie qui menace le transport maritime. En 2011, l’OTAN intervient en Libye où a lieu le printemps arabe afin de protéger les populations civiles. L’organisation bombarde Syrte où s’est réfugié Mouammar Kadhafi, ce qui accélère sa chute.

L’Ukraine (2014 > 2022)

En 2014 en Ukraine, des manifestations pro-européennes tournent à la révolution. Le gouvernement pro-russe tombe et le pays se déchire entre partisans pro-russes et pro-européens. La Russie profite du chaos pour annexer la Crimée. En réaction, l’OTAN suspend toute coopération avec la Russie. Par ailleurs, l’OTAN déploie des troupes en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne. En 2017, le Monténégro rejoint à son tour l’alliance, puis en 2020 la Macédoine du Nord devient le 30eme membre de l’OTAN. L’année suivante à Bruxelles, les membres de l’OTAN réitèrent leur souhait d’intégrer l’Ukraine au sein de l’alliance. En Afghanistan, la force internationale quitte le pays sans avoir réussi à vaincre les talibans qui reprennent le contrôle du pays après 20 années de guerre. Fin 2021, Vladimir Poutine lance un appel à l’OTAN pour négocier la fin de son expansion vers l’Est. Sans réponse, le 24 février 2022 il décide d’envahir l’Ukraine. Parmi les négociations qui ont lieu pendant la guerre, la Russie demande à l’Ukraine de devenir un pays neutre et de ne pas adhérer à l’OTAN. Mais la guerre a pour conséquence de pousser d’autres pays à vouloir rejoindre l’organisation. Ainsi, en mai 2022, la Finlande et la Suède annoncent officiellement vouloir intégrer l’OTAN.