L'Union Européenne
Prémices
On commence à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le continent européen est dévasté, les États-Unis et l’URSS sont désormais les deux grandes puissances mondiales. Leur rivalité grandissante marque le début de la Guerre froide. Les soviétiques contrôlent les pays d’Europe de l’Est, tandis que l’Ouest se tourne vers l’aide américaine pour la reconstruction. Le vieux continent se retrouve divisé par le rideau de fer. A l’Ouest, naît progressivement l’idée d’une unité européenne. Le 9 mai 1950, la France via son ministre des affaires étrangères Robert Schuman propose une réconciliation franco-allemande et la mise en commun sous une haute autorité supranationale, des productions de charbon et d’acier qui constituent les principales richesses des pays industrialisés et qui sont nécessaires pour la fabrication d’armes. L’objectif est de relancer l’économie et de préserver la paix. Le projet est ouvert aux pays souhaitant l’intégrer. L’année suivante à Paris, six pays signent le Traité qui fonde la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. L’Allemagne étant divisée par le rideau de fer, seule l’Allemagne de l’Ouest en fait partie.
Traité de Rome
Afin d’accélérer la construction européenne, les six se réunissent le 25 mars 1957 à Rome pour signer deux nouveaux traités, le premier crée la Communauté Économique Européenne dont l’objectif principal est d’établir un marché commun, notamment en permettant la libre circulation des travailleurs et en supprimant les droits de douanes entre les Etats membres. Le traité définit aussi des politiques communes en matière des transports, du commerce extérieur et de l’agriculture. La Politique Agricole Commune ou la PAC doit entre autre accroître la productivité de l’agriculture, offrir des prix raisonnables et assurer un niveau de vie équitable aux agriculteurs. Le second traité fonde la Communauté Européenne de l'Énergie Atomique qui vise la coordination des programmes de recherche du nucléaire civil. Les Traités de Rome entrent en vigueur en 1958 mais il faudra plusieurs années pour que les politiques soient mises en place. De nouveaux pays demandent leur adhésion aux Communautés dont le Royaume Uni. Mais la France de De Gaulle y oppose son veto car il considère le pays comme un trop proche allié des États-Unis.
Croissance économique
Pour simplifier la situation, les institutions des trois Communautés sont fusionnées. Il y a désormais une seule Commission européenne, composée de commissaires choisis par les chefs d’Etats. Celle-ci propose les lois européennes qui doivent être d’intérêt général. Il y a un Conseil de l’Union européenne où siègent les ministres des gouvernements des Etats membres. Ceux-ci approuvent, modifient ou rejettent les propositions de la Commission. Il y a un Parlement qui représente les peuples européens et qui donne aussi son avis sur les propositions de la Commission. Son pouvoir augmentera au fil des traités à venir. Enfin, il y a la Cour de justice qui vérifie la légalité des décisions prises. En 1967, le Royaume-Uni demande à nouveau son adhésion, mais la France s’y oppose une seconde fois. Avec la suppression des droits de douane pour les produits industriels et agricoles et la mise en place de la libre circulation des travailleurs, la situation économique s’améliore rapidement, poussant une nouvelle vague de demande d’adhésion. Cette fois, les négociations se passent bien, mais en Norvège, lors d’un référendum, la population s’oppose à l’adhésion du pays. En 1973, l’Irlande, le Royaume Uni et le Danemark rejoignent la Communauté.
Développement
A Paris, les chefs d’Etat et de gouvernements se mettent d’accords pour créer le Conseil européen. Les dirigeants se rencontreront désormais au moins 3 fois par an pour définir ensemble les grandes orientations de la Communauté. Au sud du continent, après la fin des dictatures au Portugal, en Grèce et en Espagne, les trois pays demandent leur adhésion à la Communauté. En 1979, pour la première fois, les députés du Parlement européen sont élus par suffrage universel direct. En 1981, la Grèce intègre la Communauté, alors que l’année suivante, après un référendum, le Groenland qui a obtenu plus d’autonomie du Danemark, choisi de la quitter. En 1984, le Royaume-Uni de Margaret Thatcher, estimant ne pas bénéficier suffisamment des financements de la PAC, qui représente alors 80% des dépenses européennes, négocie et obtient un rabais de la contribution du pays au budget européen. En 1986, l’Espagne et le Portugal rejoignent à leur tour la Communauté. Les 12 et la Commission européenne donnent un coup d'accélérateur au marché intérieur en signant l’Acte unique européen. En plus de la suppression des frais de douanes, ils ne veulent plus aucun obstacle à la libre circulation des personnes, des marchandises, des capitaux et des services. C’est le projet de “Marché unique” qui doit être achevé pour 1993.
Europe de l’Est
Après la chute du mur de Berlin, l’Allemagne est réunifiée. Alors qu’à l’Est, l’URSS qui ne parvient plus à contenir les révoltes anti-soviétiques s'effondre, ouvrant de nouveaux horizons à la Communauté qui noue les contacts avec les pays d’Europe de l’Est. En 1992, les chefs d’Etats et de gouvernement signent à Maastricht un nouveau traité. L’Union européenne est créée et obtient de nouvelles compétences. Le traité vise aussi l’union économique et la création future d’une monnaie unique européenne. Tous les pays ratifient le Traité, y compris le Danemark où deux référendums et des négociations pour être exempté de la monnaie unique sont nécessaires. Une nouvelle vague de pays demandent leur adhésion à l’Union, mais en Suisse, et puis en Norvège, la population s’y oppose par référendum. Pour l’Autriche, la Suède et la Finlande par contre, les négociations aboutissent et en 1995, l’Europe passe à 15.
Schengen
Signé au Luxembourg à Schengen en 1985, l’espace Schengen est très progressivement mis en place à partir de 1995. L’objectif est la suppression des contrôles aux frontières et donc une totale liberté de circulation. Cet accord est incorporé à l’Union Européenne lors du Traité d’Amsterdam. Par ailleurs, le projet de monnaie unique avance, celle ci s'appellera l’Euro. Le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark ne la souhaitent pas. Les autres mettent en place la Banque centrale européenne. L’Euro est officiellement lancé sur les marchés en 1999 bien que la monnaie sera mise en circulation qu’à partir du 1er janvier 2002. Alors que les négociations ont lieu pour l’adhésion de nombreux pays, les chefs d’Etats et de gouvernement se réunissent à Nice pour tenter d’améliorer la structure de l’Union dans la perspective de l’élargissement. Le résultat du traité est considéré comme mitigé, deux référendums sont nécessaires en Irlande pour qu’il puisse entrer en vigueur.
Élargissement
Le 1er mai 2004, 10 pays intègrent l’Union européenne. Tous rejoignent l’espace Schengen à l’exception de Chypres dont une partie de l’île est contrôlée par l’armée turque depuis 1974. Après le demi échec du traité de Nice, les 25 chefs d’Etats et de gouvernement se retrouvent à Rome pour encore tenter de simplifier et réorganiser l’Union européenne. Cette fois ils veulent créer un traité constitutionnel qui remplacera tous les traités existants. Mais au moment de le ratifier, de vifs débats ont lieux à travers l’Europe. Par crainte d’une Union européenne trop puissante au dépend des souverainetés nationales, les populations françaises et néerlandaises s’y opposent par référendum. Ce qui enclenche une période de réflexion et l’organisation de consultations approfondies au sein des Etats membres. Le 1er janvier 2007, la Roumanie et la Bulgarie rejoignent à leur tour l’Union européenne. La même année, les 27 chefs d’Etats signent le Traité de Lisbonne qui a pour but de renforcer et d’améliorer le fonctionnement de l’Union européenne après l’élargissement. Celle-ci doit notamment promouvoir la paix, soutenir le développement durable, lutter contre l’exclusion sociale et la discrimination ou encore sauvegarder le patrimoine culturel. Le traité est ratifié par tous les Etats, seule l’Irlande consulte sa population qui refuse le traité. A nouveau, des négociations et un second référendum sont nécessaires pour qu’il entre en vigueur.
Crise de la zone euro
La crise économique et financière mondiale a des répercussions sur la zone euro qui entre en récession. Après la déroute de grandes banques européennes, de nombreux pays se retrouvent en difficulté, plus particulièrement la Grèce dont une partie de la dette publique avait été occultée avec l’aide de la banque Goldman Sachs. Le pays est contraint de demander une aide financière qu’il obtient de la zone euro et du FMI en échange de quoi il doit mettre en place des mesures d’austérité. L’Irlande en se portant au secours de ses banques voit elle aussi sa dette publique exploser. Mais le pays ne veut pas demander d’aide à la zone euro par crainte de devoir en échange rehausser son impôt sur les sociétés qui est extrêmement avantageux. Le pays reçoit finalement tout de même une aide en échange de quoi il doit adopter un plan de rigueur. Par la suite, le Portugal, la Grèce une seconde fois, l’Espagne et puis Chypres obtiennent une aide financière de la zone euro alors qu’un peu partout dans l’Europe, des plans de rigueur et d’austérité sont mis en place.
Crise migratoire
En 2013, la Croatie rejoint à son tour l’Union Européenne. Aux frontières du continent, le printemps arabe a rendu la situation instable dans de nombreux pays. La guerre civile en Syrie, les secondes guerres civiles en Libye et en Irak, mais aussi d’autres événements dont la guerre en Afghanistan et les violences dans la corne de l’Afrique poussent de nombreuses personnes à migrer vers le continent européen. Malgré la construction de murs aux frontières turques, en 2015, plus d’un million de migrants entrent dans l’espace Schengen. L’Europe tente de ralentir le flux migratoire. Les contrôles en mer Méditerranée sont renforcés, alors que certains pays rétablissent provisoirement des contrôles à leur frontière. Par ailleurs, l’Union européenne signe des accords avec la Turquie puis avec Libye, malgré la situation politique très instable, afin que ceux-ci contrôlent et bloquent les routes migratoires dites illégales en échange d’une aide financière. Des centres de migrants sont financés, principalement en Italie et en Grèce où les migrants se retrouvent entassés dans l’attente d’une régularisation. Au sein de l’Union européenne, la crise migratoire divise les pays européens et donne des ailes aux partis nationalistes et eurosceptiques qui gagnent en importance.
Brexit
En 2016, au Royaume-Uni, lors d’un référendum la population se prononce en faveur de la sortie du pays de l’Union européenne. Le pays entame alors de longues et difficiles négociations avec l’Union européenne pour définir les conditions de sorties du pays. Après de nombreux échecs, un accord est finalement trouvé et la sortie du pays est actée le 31 janvier 2020. Le Royaume-Uni quitte l’Union et n’a plus aucun pouvoir décisionnaire. Il continue cependant de contribuer au budget européen et de toucher des financements au moins jusqu’à la fin de l’année 2020, le temps de négocier de nouveaux accords, notamment concernant les droits de douane, la libre circulation, la situation des européens vivant au Royaume-Uni et l’inverse, ou encore le statut de la frontière qui sépare l’Irlande de l’Irlande du Nord.
Situation actuelle
Après la sortie du Royaume Uni, l’Union européenne compte 27 Etats membres avec une population d’environ 450 millions d’habitants. Des négociations sont en cours pour l’adhésion de nouveaux pays, principalement situés dans les Balkans. Alors que les négociations pour l’adhésion de la Turquie qui ont démarré en 2005 sont aujourd’hui au point mort. 19 pays sont membres de la zone euro, alors que 6 autres ont adopté l’euro sans être membre ni de la zone euro ni de l’Union européenne. Enfin, l’espace Schengen comprend aujourd’hui 26 Etats dont 4 non-membres de l’Union européenne. Chypres, la Croatie, la Bulgarie et la Roumanie devraient prochainement l’intégrer.